Quand aventure devient torture !

L’heure du départ est arrivée...nous arrivons à peine à marcher ni à supporter le contact d’un tee-shirt sur la peau, et voilà qu’il nous faut parcourir 1,5 km, prendre trois bus pleins à craquer, un rickshaw, un train de nuit,  un rickshaw, un bus, puis marcher, et tout ça avec 20 kg dans le dos et près de 10 kg devant. Autant dire : une vraie galère ! Et au milieu de tout cela, une foule de passagers se pressant autour de nous, nous écrasant les pieds, jetant leurs sacs sur nous, donnant des coups...le tout se transformant sur notre peau en une douleur semblable à des milliers d’aiguilles plantées dans notre chair...Epuisées, pleines de douleur (je sais, c’est un peu ridicule pour des coups de soleil, mais c’est vrai !), nous arrivons donc enfin à Bombay...où il nous faut tourner en rond un bon moment avant de trouver un logement ! Finalement, nous trouvons enfin le Salvation Army Dormitory, le logement le moins cher de Bombay où se pressent tous les backpackers.


Bollywood, quand tu nous tiens !

Une fois installées dans le dortoir, un des employés vient nous voir et marmonne en mauvais anglais :
« Tomorrow...want to work ? »
Au début, j’ai cru comprendre qu’il voulait qu’on travaille dans l’auberge le lendemain en échange du logement gratuit. Bref, l’incompréhension s’installant, il insiste et me demande d’aller voir quelqu’un dehors qui lui parle anglais. Je découvre alors avec étonnement qu’il s’agit de quelqu’un qui n’est pas du tout de l’hôtel.
«Encore une fois, nouvelle incompréhension. Je comprends qu’il nous propose une journée de visite, au prix de 500 roupies, des studios d’enregistrement de Bollywood. Trouvant le prix un peu cher, je demande à tout hasard si nous verrons un film par la même occasion :
« Mais non ! C’est vous qui jouerez dans le film ! »
Cette fois-ci, il se montre un peu plus clair :

« Demain nous avons un tournage à Bollywood, un film avec Serhu Khan (une des plus grandes stars de Bollywood). Il nous faut des figurants étrangers. Il vous suffit de faire le public toute la journée et vous êtes payées 500 roupies chacune. Ca vous intéresse ? »
Bien sûr que ça nous intéresse ! Craignant un peu qu’il s’agisse d’une arnaque, nous nous renseignons...tous les gens de l’hôtel semblent au courant de cette histoire, allons y, on verra bien de quoi il en retourne demain !
Rendez-vous 8h00 devant le dortoir, nous sommes 5 à l’appel. On nous demande de suivre Vicach, qui nous conduira jusqu’aux studios. Nous marchons, prenons un taxi, puis un train (dans un compartiment pour femmes, sans Vicach, ce qui veut dire que nous devons trouver nous même l’arrêt en question)...et par dessus le marché, il nous faut payer nos billets ! C’est quoi ce manège ? On commence un peu à flairer une arnaque...Un rickshaw plus tard, nous voilà pourtant arrivés aux studios. Dedans c’est la bousculade. On nous donne à chacune nos robes et chaussures à talon qu’il nous faut enfiler en quatrième vitesse avant de passer à la séance maquillage et coiffage. Pendant que tout le monde suit ce petit rituel Marlène, elle, attend...qu’on lui trouve enfin une robe. Toutes sont trop grandes ! Finalement, on lui trouve quelque chose plus ou moins  sa taille, sauf qu’il s’agit d’un sari ! Une européenne en sari avec des tresses africaines, voilà qui est peu commun !
On demande à Vicach le sujet du film :
« Ben c’est un acteur, il veut devenir célèbre, mais bon, c’est difficile. »
Un vrai Bollywood quoi !
Nous nous dirigeons donc comme nous pouvons (et oui, nous ne sommes pas de grandes habituées des talons !) vers le plateau...la scène que nous allons tourner est une scène de remise de prix lors d’un festival de cinéma, dont nous sommes le public. Placée à quelques sièges seulement des personnages principaux, il y a de forte chance que j’apparaisse dans le film !
Bref, nous assistons au déroulement du tournage, qui pourrait se résumer à...des heures et des heures d’attente. Que l’on tourne ou non, notre rôle consiste à rester assis et à attendre, applaudir ou encore simuler la joie. Etant donné les heures d’attentes, cette dernière mission s’avère moyennement remplie, chacun d’entre nous étant à moitié endormi, baillant, râlant...un vrai public heureux ! Une de nos voisines d’un certain âge s’est même assoupie...En discutant un peu avec les autres figurants, nous apprenons que c’est une pratique très courante de faire appel à des étrangers recrutés au dernier moment. Les figurants indiens, eux, , sont pour la plupart des habitués qui vivent dans les environs. Ils nous expliquent que nous n’avons pas de chance car d’habitude, un tournage est beaucoup plus drôle, avec des danses etc...En effet, le nôtre est tout sauf drôle ! En plus de l’ennui, de 9h du matin à 22h00 avec 3 minutes de pause à midi et 5 minutes (même pas le temps de finir notre tchaïhé !) à 17h00 en tout et pour tout, la réalisatrice est une vraie hystérique qui ne fait que crier à l’intention des acteurs, figurants ou techniciens des « Shut-up ! », « I will kill you » ou encore « You are doing everything wrong » à tout bout de champ !
Petit manège assez amusant : n’ayant pas assez de figurants pour faire le public, nous devons donc nous déplacer de sièges en sièges alors qu’ils rejouent toujours la même scène pour donner l’impression qu’il y a foule. Ainsi, le spectateur attentif verra au cours d’une même scène les figurants changer de place, de coiffure, de voisins...plutôt comique !
(Pour les curieux, le film s’appelle Om Shanti Om et sort fin 2007...)

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