La boîte de sardine

Nous partons ensuite nous balader un peu dans Chennai et atteignons la plage Marina Beach, la plus célèbre de la ville (la promenade qui la borde sert à beaucoup de tournages de Bollywood). La première fois que nous voyons l’océan indien et...nous sommes vites choquées par la saleté de la plage. Certains endroits ressemblent tout bonnement à une décharge publique ! Malgré tout, nous apprécions ce moment de retrouvailles avec la mer et décidons de pique-niquer sur la marina. Nous sortons donc une boîte de sardines et entreprenons de l’ouvrir. Mais sans « ouverture facile » et avec seulement un décapsuleur sur mon couteau suisse, la chose s’avère un peu plus compliquée que prévu ! Prenant pitié, deux indiens s’arrêtent et essaient de nous aider. Rien de bien étonnant, les personnes environnantes commencent à se passionner pour l’événement, et c’est bientôt un grand rassemblement qui s’agglutine autour de nous. Et tout le monde d’essayer chacun son tour ! Après une bonne quinzaine de minutes, un d’entre eux parvient enfin à ouvrir la boîte de sardines tant convoitée. hourras et applaudissements tout autour de nous ! Décidemment, que d’émotions !
Nous pouvons enfin commencer à pique-niquer tranquillement quand les policiers à cheval arrivent dans notre direction. Ils semblent capter l’attention de tous, et nous comprenons en effet vite pourquoi. Ce sont apparemment des novices en équitation ! Ils ne savent absolument pas tenir leurs chevaux, et tout le monde  évite d’être sur leur passage car ils s’avèrent du coup assez dangereux. Finalement, nous finissons tous par nous poster autour d’eux afin de contempler le spectacle assez comique de ces policiers pas très doués. L’un part d’un côté tandis que le cheval de l’autre n’en fait qu’à sa tête et galope vers l’eau. L’autre essaie de venir le rejoindre mais son cheval se met à courir en rond autour d’un poteau ! Même s’il s’agit de policiers, personne (surtout pas nous) ne peut s’empêcher de rire à gorge déployée. Les deux blanches qui rigolent attirent vite l’attention des policiers qui se mettent en tête de divertir l’assemblée en faisant mine de foncer sur nous. Vu leur habileté à cheval, nous décidons de ne pas faire les vaillantes et déguerpissons aussitôt !


Une inauguration dans le slum

Nous revenons le lendemain dans le slum pour l’inauguration du magasin Speed Trust. Parmi leurs formations, une consiste à l’apprentissage de la confection de sacs. Speed trust a ensuite fait appel à un designer pour dessiner un modèle de sac original que les femmes produisent désormais. Ce magasin permettra la vente d’une partie de ces sacs, mais aussi de produits d’associations similaires
A Pondichéry et à Cochin. Nous assistons donc à la cérémonie d’inauguration : des chants d’enfants, des témoignages, le mot du directeur...Une veuve aveugle raconte comment elle a pu, malgré son handicap, apprendre la technique de confection des sacs au point de pouvoir désormais l’enseigner...Aux émotions sur les visages, nous pouvons voir que les membres de l’association semblent très liés aux familles aidées. A la fin de la cérémonie, nous allons visiter ce magasin de commerce équitable, chose assez atypique au beau milieu d’un bidonville. Une jolie petite boutique où le public se presse pour faire quelques achats.
Alors que nous ressortons pour respirer un peu, les enfants du slum viennent nous parler. Première fois où nous voyons un slum où presque tous les enfants parlent anglais ! La musique se fait un peu plus forte, et les enfants se mettent à danse. Certaines filles, de sept ou huit ans, sont même impressionnantes, de vraies petites danseuses de Bollywood !
« C’est à votre tour maintenant ! »
Eh bien, voilà ce qu’il nous fallait, tiens ! Nous qui savons si bien danser ! Nous voilà donc parties pour danser (comme nous pouvons) pour les enfants, tous en rond autour de nous, qui finissent par être rejoins par quelques adultes. Encore une fois nous sommes l’attraction ! Nous finissons ensuite par danser tous ensemble...
Nous retournons alors dans le magasin pour retrouver les membres de l’ONG.
Bilan de la soirée : les ventes ont plutôt bien marché, mais ce sont surtout les articles des deux autres associations qui sont partis...les sacs, quant à eux, n’ont pas connu un franc succès. Les femmes sont un peu déçues, mais l’inauguration a quand même attiré pas mal de personnes, c’est un bon début.
Les trois français en stage dans l’association nous présentent ensuite à Josette Rey, la responsable de l’association Souffle de l’Inde, basée en France mais qui travaille à Cochin. Elle est venue elle aussi pour vendre ses produits. Française mariée puis divorcée d’un indien, elle vit depuis longtemps en Inde où elle travaille, avec l’association qu’elle a montée, auprès de femmes veuves et défavorisées. Elle organise en France de nombreuses conférences sur le statut de la femme en Inde. Malgré le peu de temps qui lui reste et sa fatigue, elle accepte de prendre le temps de nous faire partager un peu son expérience. Elle nous propose d’aller dans un café boire un verre pour discuter de tout cela.
Alors que nous ressortons, tout le monde retrouve ses chaussures...sauf moi ! Certainement que quelqu’un les a trouvées à son goût ! Me voilà donc partie à travers le slum, puis en rickshaw, puis dans un café pieds nus !
Elle nous parle alors du statut de la femme dans la religion hindoue et de la condition des veuves, puis un ami à elle nous rejoint. Au moment de partir, elle nous fait signe de le laisser payer à notre place :
« Si je le laisse payer, c’est par respect pour lui. En Inde, quand un homme est seul avec une ou plusieurs femmes, c’est à lui de s’en occuper : c’est à lui de commander le repas, de payer l’addition...Si j’insiste pour payer, il sera très mal vu et ce sera une grande honte pour lui. »
Nous comprenons à présent mieux certaines réactions et réalisons que nous avons dû faire honte à plus d’un !
A la sortie, je vais m’acheter des tongs bon marché pour finir la soirée...apparemment, ce n’est pas tous les jours  que le vendeur voyait une cliente venir pieds nus pour acheter des chaussures !

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