Les castes

Il existe plusieurs théories concernant l’origine des castes : l’une veut que l'origine des castes soit raciale alors que l’autre affirme qu’elle est professionnelle c’est à dire que les gens engagés dans la même profession se sont rassemblés et cette association professionnelle s'est petit à petit transformée en organisation sociale. Il existe quatre castes génériques appelées Varna (couleur) : les Brahmanes (prêtres), les Kshatriya (guerriers), les Vaishya (commerçants) et les Shudra (serviteurs). En dessous de toutes ces castes se trouvent les Dalits (intouchables, hors caste). Chaque catégorie impose à ses membres des obligations et des interdictions : mariage à l’intérieur de la caste (endogamie) ; règles alimentaires (végétarisme pour les brahmanes) ; signes vestimentaires ou maquillage particulier. Hormis les intouchables, tout indien appartient à une caste, y compris les chrétiens et les musulmans et l’appartenance à la caste est héréditaire : un individu ne peut en aucun cas passer d’une caste à une autre  au cours de sa vie terrestre. D’autre part, la société Indienne est divisée en milliers de castes que l’on appelle les Jati qui constituent les castes véritables. Les castes se divisent en un nombre infini de sous castes qui tendent aujourd’hui à fusionner ensemble. Les frontières qui séparent les sous castes sont bien moins rigides que celles qui séparent les castes ; l'endogamie n'y est donc plus absolue.
Le système des castes vient de la religion hindouiste qui affirme que la naissance d’un individu dans une caste n’est jamais le fait du hasard. Elle résulte de l’harmonie de l’ordre cosmique et de la dignité de ses vies antérieures. Naître intouchable n’est donc pas scandaleux ou inacceptable puisque c’est conforme à l’ordre naturel. Si l’on accepte cet ordre et que l’on accomplit les rites adaptés à son rang social, on peut espérer se réincarner à un niveau supérieur.
L’Inde moderne ne reconnaît pas constitutionnellement l’existence des castes. Pourtant, elles continuent à imprégner les mentalités et les comportements.
Grâce à Gandhi, la constitution de 1950 a remplacé le terme « Intouchable » par « harijan » c’est-à-dire peuple de Dieu.
Malgré tout, l’exclusion dont les anciens intouchables demeurent l’objet, est visible tant dans le domaine économique que dans leur acceptation au sein de la société indienne : Ils constituent les classes les plus pauvres, (ouvriers agricoles sans terre, man½uvres sous-payés, chômeurs non assistés) et vivent pour la majorité d’entre eux dans les slums...


Intouchables dans un bidonville au sud de delhi

Quel sort pour les intouchables ?

Après un petit repas, nous partons de chez Praveen pour rejoindre Benjamin D., responsable et fondateur de la Slum Devlopment Society. Lui-même intouchable (« Dailit »), il a décidé de monter une ONG pour défendre le droit des Dailits et appuyer le développement économique de cette population. Alors qu’il nous sert un Tchaï, lui et sa fille commencent à nous décrire la vie d’un intouchable en Inde, à renfort d’articles et de photos...Pourtant aboli par la constitution, le statut d’intouchable demeure dans les faits, bien ancré dans les moeurs. Les violences qu’ils subissent par les castes supérieures sont régulières : en 1999, alors qu’un représentant Dailit se présentait aux élections, 700 villages Dailits ont été brûlés. Régulièrement, des femmes sont violées par des hommes de caste supérieure, assassinées...Or seulement 34% des cas sont suivis par la police, et souvent sont sans suite, de par l’influence des castes supérieures. La plupart des Dailits vivent dans les slums et, par manque de moyens de leurs parents, sont obligés d’arrêter leurs études tôt pour travailler et contribuer au revenu familial.

« Notre problème, c’est que nous ne possédons aucun journal, aucune télévision pour nous relayer. »
Benjamin se bat depuis la création de SDS pour faire connaître le sort des Dailits. Il publie des rapports, contacte les médias internationaux, a créé un site Internet d’information sur les intouchables...Un travail sans relâche pour rallier le public à sa cause. Il nous laisse ses rapports et revues de presse à lire avant notre rendez-vous du lendemain. Nous rejoignons donc Benjamin le jour suivant, qui nous emmène dans le slum dans lequel il travaille. Il a contacté un certain nombre de femmes intouchables pour que nous puissions les interviewer. Il y en a de toutes les générations : de la petite de 6 ans à la femme de 70 ans. Beaucoup d’entre elles travaillent en tant que femme de ménage dans le quartier riche juste à côté du slum. Parmi elles, une jeune fille de 20 ans me touche particulièrement par sa force intérieure. Mais aussi, alors qu’elle a l’avenir devant elle, elle raisonne comme une personne dont la vie touche à sa fin, qui a perdu tout espoir pour elle-même :
« Pour moi c’est trop tard, mais je ferai tout pour que mon enfant, si j’en ai un, ait lui une bonne vie. Je travaillerai dix fois plus dur s’il le faut, mais jamais mon enfant ne vivra dans une hutte ni n’abandonnera ses études. (voir interview)
Après ces échanges, nous sortons le coeur serré voir le slum. Effectivement, celui-ci est beaucoup plus sommaire que celui de Delhi. Des huttes, qui menacent de s’effondrer à la moindre averse, deux toilettes publiques et payantes comme seule installation sanitaire pour pas moins de 8000 habitants, moins de dix m2 pour une famille entière...au-delà de tous les problèmes de vie quotidienne que cela pose, comment un enfant pourrait étudier dans de telles conditions ?
Benjamin nous emmène ensuite voir son  bureau, une toute petite pièce où sont entassés livres, dossiers et rapports sur les droit de l’Homme, les statuts des Dailits, les maladies psychologiques causées par les discriminations...La voix pleine d’émotion, il commence alors à nous raconter son parcours et celui de l’ONG.
« Après mes études aux Pays-Bas et mon travail pour l’ONG là-bas, j’ai décidé de créer SDS. On a mis en place des programmes d’éducation, du soutien scolaire, un centre pour les femmes isolées. Chaque année, j’arrivais à trouver des fonds pour l’ONG. Mais depuis ces dernières années, l’Inde s’étant développée économiquement, les fondations et autres soutiens ont jugé que l’Inde ne faisait plus partie des priorités et ont transféré tous leurs fonds vers l’Afrique. Pourtant, les besoins sont toujours bel et bien présents ! »
« On fait donc, reprend-il, continuer l’ONG comme on peut, mais sans fonds cela devient très difficile. On a été obligé de renoncer à un certain nombre d’activités et maintenant je dois travailler bénévolement ; Ma fille est obligée de m’aider avec son salaire pour faire vivre le foyer. »
Il continue à nous parler ainsi, et je ne peux m’empêcher d’avoir le coeur serré à l’écoute de ses paroles. L’heure du repas abrège notre discussion et nous nous rendons ensemble à son domicile où sa femme nous a préparé un vrai festin ! Après s’être régalées, nous faisons nos aurevoirs à Benjamin et sa famille en promettant de garder le contact. De toute façon, notre travail avec lui n’est pas fini...il compte sur nous pour l’aider à trouver des fonds en France.

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