Les habitants de Varanasi font sécher leur linge sur les gats au bord du Gange

Varanasi

Nous arrivons enfin à prendre notre train et quittons donc Allahabad pour Varanasi. Nous arrivons en pleine nuit et, grâce à un rickshaw qui cherche à se faire une petite commission, nous trouvons très facilement un hôtel, après avoir réveillé le gérant à 2 heures du matin.
Varanasi est une des villes sacrées les plus importantes d’Inde pour les hindous : mourir à Varanasi permet de se libérer du cycle des renaissances, c’est pourquoi bon nombre de sages s’y rendent quand l’heure de leur mort commence à approcher. Pour les personnes qui n’ont pas la « chance » de mourir à Varanasi et qui peuvent se le permettre, la crémation à Varanasi est également un bon moyen d’échapper au cycle de naissances et de morts.

Varanasi est également très célèbre pour ses ghâts, berges recouvertes de marches de pierres qui permettent aux hindous de descendre au fleuve pour y pratiquer les ablutions, le bain dans le Gange étant censé laver de tous les péchés. Sur deux de ces ghâts sont pratiquées des crémations auxquels nous assistons : les cadavres sont entourés dans un linceul et disposés sur un bûcher confectionné à partir du feu sacré éternel qui brûle depuis 3000 ans. Seuls les hommes proches du défunt peuvent assister à la crémation car les femmes sont souvent exclues de la cérémonie (car les pleurs empêchent la libération de l’esprit et l’atteinte à la vie éternelle). Une fois le corps complètement calciné, les cendres sont jetées dans le Gange. Il y a toutefois des exceptions : ne subissent pas la crémation les sâdhus, les femmes enceintes, les lépreux et les enfants car ils ont un caractère sacré. Ils sont jetés directement dans le Gange dans une caisse en bois.
Notre première journée à Varanasi se trouvait être bien paisible : nous visitons quelques temples ainsi qu’un musée, nous nous promenons tranquillement sur les ghâts, assistons à une crémation, pataugeons dans les bouses de vaches (la ville est un labyrinthe de ruelles remplies d’excréments sacrés, qui, avec la pluie avaient formé une bonne couche de 2 centimètres de gadoue parfumée !)... une journée de touriste type ! Mais c’est quand arrive le soir que les choses se gâtent. Alors que nous étions installées un peu à l’écart de la foule avec deux indiens que nous avions rencontrés dans la journée, une bombe explose à une dizaine de mètres de nous ! Complètement paniquée, je me tourne vers Marie et remarque à son regard, qu’ elle n’a pas l’air rassurée non plus... Alors que nous essayons de convaincre nos jeunes amis que c’est peut- être un peu dangereux et que la meilleure des idées à avoir au moment présent serait de s’éloigner un peu, l’un d’eux ramasse une pierre à ses pieds et me dit : « ça va, n’aies pas peur, moi j’ai reçu cette pierre mais ça va, j’ai pas eu mal. Y’a rien à craindre... C’est une tradition ici, les sâdhus reviennent en masse de la Kumbh Mela et c’est une façon de les accueillir » Puis en me montrant un groupe de jeunes  « Tu vois ces gars, c’est eux qui ont fait ça, mais ça, c’est parce qu’ils ne vous ont pas vues. S’ ils avaient su qu’il y avait des touristes, et des femmes qui plus est, ils ne l’auraient pas mise là ! Mais maintenant ça va, ils savent que vous êtes là, ils ne vont pas recommencer... ». A peine a-t-il fini sa phrase qu’une deuxième détonation retentit, toujours aussi proche de nous, mais de l’autre côté ! Cette fois nous sommes cernées ! Pour moi qui ai une peur bleue des pétards du 14 juillet, deux bombes dans la soirée c’est un peu trop d émotions. Nous finissons finalement la soirée plus tranquillement, loin de toute bombe ou de tout mouvement de sympathie envers les sâdhus et retournons à notre hôtel histoire de profiter d’une bonne petite nuit en toute sécurité !
 Le lendemain nous nous réveillons avant l’aube pour assister au lever du soleil sur les ghâts. Malheureusement, nous sommes toutes les deux très malades et il nous est un peu difficile d’apprécier à sa juste mesure le spectacle que nous offre ce début de journée. A 6h, la vie a déjà commencé sur les bords du Gange. Nous nous asseyons un moment pour profiter de ces simples moments de vie, les premiers bains dans le fleuve entourés des barques de touristes, les sâdhus qui restent assis à méditer, les enfants qui courent sur les marches... et découvrons qu’il y a plus horrible que les Rickshaws, les conducteurs de bateaux : « yes mam boat ?! » tous les 10 mètres... mais rapidement, nos estomacs nous ramènent à la réalité et nous sommes obligées de rentrer à l’hôtel. Nous passons une bonne partie de la journée à dormir et l’autre à être assez inutiles, reportant notre projet de traversée de la ville sur les ghâts au lendemain. La nuit passée, ce n’est pas encore la super forme mais comme c’est notre dernière journée ici, on n’a pas le choix : nous remontons l’ensemble des ghâts, slalomant entre les draps qui sèchent, les sâdhus, les marchands ambulants, les boat-mans... et nous retrouvons finalement à finir notre promenade avec un jeune de la ville. Alors que nous apercevons un corps qui flotte dans l’eau, il nous explique :

« Quand les gens n’ont pas assez d’argent pour la crémation, ils jettent les défunts directement dans le Gange, comme lui ! » Un petit frisson dans le dos, mais nous continuons tout de même notre route, poussant notre « guide » jusqu’au bout de la ville, dans un quartier très défavorisé mais qui ne manque pas de charme. Comme il ne semble pas très à l’aise, nous rebroussons vite chemin. Nous rentrons à l’hôtel histoire de récupérer nos bagages et manger rapidement un bout avant d’aller prendre notre train. Alors que nous sommes sur le point de partir, nous rencontrons deux professeurs qui seraient très intéressés de nous interviewer pour  une étude quelconque... Comme nous n’avons pas le temps, ils se contentent de prendre quelques photos de nous en leur compagnie et nous font promettre de leur écrire un article sur notre pays. Nous courons prendre un rickshaw et arrivons enfin à la gare, juste à temps pour notre train de 21h30... train qui n’arrivera finalement pas avant 2h du matin !

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