En route pour Allahabad !

Nous rejoignons ensuite Baptiste, qui se joint à nous pour quelques jours de voyage. Pas de chance, pour une fois le train est à l’heure ce qui n’est pas notre cas : nous devons donc sauter dans le premier wagon...sauf que le nôtre est à l’autre bout du train. Nous devons donc parcourir tous les wagons avec nos gros sacs et la foule de passagers sur notre chemin...autant dire qu’on a déjà vu plus facile ! Après une dizaine de wagons parcourus, voilà que la porte entre les deux wagons est bloquée : impossible de l’ouvrir de notre côté ! Le contrôleur nous explique alors que nous devons attendre le prochain arrêt, c’est-à-dire dans une heure et demie! Nous prenons donc notre mal en patience et attendons coincées contre la porte en compagnie d’un sâdhu. Au bout d’un moment, un vendeur de Tchaï arrive de l’autre wagon et ouvre la porte : coup de chance ! Encore la traversée de quelques wagons, puis de nouveau une porte fermée. Nous décidons de nous asseoir sur les places libres à côté de la porte. Un contrôleur passe alors et demande nos tickets :
« Mais vous êtes en première classe, vous n’avez pas le droit d’être ici ! »
On lui explique alors la situation et que nous aussi on voudrait bien rejoindre notre wagon !
« Vous ne pouvez pas rester ici, allez attendre dans le couloir. »
Nous voilà donc parties pour nous affaler sur nos sacs dans le couloir, rêvant de nos lits pour pouvoir dormir.
Nous rejoignons à l’arrêt suivant Baptiste, en compagnie d’un policier se tenant très proche de lui. Il lui explique qu’il doit faire bien attention autour de lui, qu’il ne faut pas faire confiance aux gens...A côté de nous, un indien est en train de manger des cacahuètes, et nous en propose gentiment une poignée.
« Ne surtout pas accepter, reprend le policier, ça peut être dangereux ! »
Nous ne pouvons nous empêcher de rire en acceptant de bon coeur les cacahuètes ! Il y a tout de même des limites à la prudence ! 


La Kumbh Melâ

La raison de notre passage à Allahabad est la Kumbh Melâ qui s’y déroule. La Kumbh Melâ est une cérémonie religieuse qui tient son origine des dieux se battant pour obtenir le nectar d’immortalité (amrita). Alors que les démons s’en sont emparé, ils en ont laissé tomber quelques gouttes en quatre endroits, devenus par conséquent sacrés : Nasik, Ujjain, Prayag (rebaptisée Allahabad) et Hardwar. Dans chacune de ces villes, la Kumbh Melâ a lieu tous les douze ans (il y a donc une la Kumbh Melâ tous les trois ans). Allahabad est un lieu tout à fait particulier dans la religion hindoue, car il est le lieu de confluence entre trois rivières sacrées : le Gange, la Yamuna et la Sarasvati, qui est une rivière souterraine. Il s’agit d’un des plus grands rassemblements religieux du monde, qui a accueilli en 2001 près de 70 millions de personnes. Les moments forts de cet événement sont les grands bains rituels, où se pressent les pèlerins pour se baigner dans l’eau sacrée, précédés bien entendu des sâdhus (hommes sages hindous). Par ce rituel, les fidèles pensent laver leurs péchés et ceux des 88 générations de descendance à venir.
Aux abords du fleuve, les sâdhus plantent leurs tentes à perte de vue, où les croyants peuvent venir se faire bénir.
Nous arrivons après les dates théoriques de fin de la fête, et, même si la foule se fait moins pressante, les bains rituels ont toujours lieu et les sâdhus sont encore très nombreux. Nous passons ainsi trois journées à contempler les pèlerins se baigner dans le fleuve, récolter dans des bidons un peu d’eau sacrée, mettre à l’eau quelques bougies...des moments vraiment magiques ! Toutefois, le développement économique s’est bien emparé de l’événement, les grandes entreprises en profitant toutes pour faire leur marketing. Ainsi, parallèlement à la fête s’est installée une véritable fête foraine, avec le stand de toutes les grandes marques présentes pour faire leur publicité.

Le marché de la Kumb Melâ

Rituel nocture aux confluent des trois fleuves sacrés

Chose qui toutefois ne semble pas choquer le moins du monde les hindous eux-mêmes. Il faut dire que nous avons pu remarquer que la publicité est partie intégrante de cette religion : alors que nous entrons dans le fort sur le site de la Kumbh Mêla, nous nous retrouvons littéralement plongées dans une foire aux dieux : sur un petit chemin souterrain, chacun nous fait la promotion de son dieu, agrémentant ses éloges par des chants ou des prières. Vous n’êtes pas hindoues ? Ce n’est pas grave, vous pouvez quand même donner de l’argent ! Quelques secondes après, on aperçoit quelqu’un ramasser les sous qu’il a récoltés grâce à son dieu...
Ce petit bout de voyage avec Baptiste nous a également fait voir le voyage d’un tout autre côté : voyager avec un homme, c’est tout  fait différent ! Tout d’abord, il faut négocier pour avoir une chambre à trois, car il est interdit d’avoir des chambres mixtes à moins d’être parents. Nous voilà donc l’une sa femme, l’autre sa soeur ! Manège assez amusant...Mais surtout, dans la rue les comportements changent : nous n’existons plus. Tout le monde n’adresse la parole qu’à lui, qu’il s’agisse de négocier, commander un plat ou simplement discuter. Et si quelqu’un veut s’adresser à nous, alors il va passer par l’intermédiaire de Baptiste ! Assez fascinant de voir comment le comportement des gens peut changer !



Se fondre dans la masse

Lorsqu’on est dans un pays étranger,il n’est pas toujours facile de se fondre dans la masse… mais en Inde, passer inaperçu quand on est blanc relève tout simplement de la mission impossible ! Il paraît impensable de faire 3 pas dans la rue ou rester 5 minutes tranquilles sans avoir à faire à des « Which country ? » à tout va. Une négociation avec un rickshaw peut très vite se transformer en débat général, tous les gens dans la rue s’arrêtant pour donner leur point de vue sur le prix, prenant parti soit pour nous, soit pour le chauffeur… il arrive même que nous soyons tenues à l’écart de la discussion entre les 2 partis, et, au bout d’un moment, quelqu’un annonce : « Bon, elles te donnent 60 roupies et c’est bon ! » Une négociation à Allahabad a regroupé autour de nous plus d’une cinquantaine de personnes comprenant militaires, sâdhus et autres passants venus participer au débat. Mais il n’est pas nécessaire que nous fassions quelque chose pour créer des attroupements autour de nous : assises sur le bord du Gange lors de la Kumbh Mela, nous profitons d’un peu de temps libre pour écrire nos carnets de route. Une personne arrive, puis 2, 3, 10… et c’est bientôt tout un groupe qui se rassemble autour de nous,nous observant, prenant nos cahiers pour tenter de lire ce que nous sommes en train d’écrire… jusqu’au moment où quelqu’un lance un « Chello ! » (« On y va » en hindi) qui fait disperser le groupe… en attendant la formation d’un nouveau… 5 minutes plus tard. Le simple fait que nous nous arrêtions dans la rue boire un Chaï a pu créer un « spectacle » auquel est venu assister une vingtaine de personnes, nous observant tranquillement, sans dire un mot, en sirotant leur boisson… Je passerai rapidement sur les centaines de photos qui ont été faites de nous, pour arriver à quelque chose de plus étonnant dont les indiens sont apparemment adeptes : la collection d’autographes. Je n’ai jamais eu autant l’impression d’être une star ! Au Bagidari, nous avons même signé des autographes alors qu’une caméra était pointée sur nous et eu droit à une démonstration privée d’arts martiaux… alors que la ministre en chef du gouvernement de Delhi était présente au salon !

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