Petite mésaventure

Déposées à 5h30 par le bus, c’est-à-dire bien plus tôt que prévu, nous devons attendre dehors avant notre rendez-vous avec Sakaar Outreach (impossible d’aller chez qui que ce soit à une heure pareille !). Petit souci technique : une envie pressante, et rien d’ouvert encore. Nous partons donc en quête de toilettes publiques et, après de longues recherches, nous en trouvons enfin ! A ce moment là, un homme sort, soucieux de réduire notre joie à néant :
« Ah non désolé, vous ne pouvez pas les utiliser, ce sont les toilettes pour hommes ». Supposant qu’il s’agit de pissotières, nous nous résignons et relançons nos recherches. Nous demandons au gardien du parking :
« Non, il n’y a que ces toilettes ici, et ce sont des toilettes pour hommes. »
Nous partons exaspérées nous asseoir sur des marches un peu plus loin. Quelques minutes plus tard, le gardien vient à notre rencontre :
« Bon, c’est bon, vous pouvez y aller, mais faites vite, et ne restez pas dedans si quelqu’un arrive.»
Il s’agissait donc de toilettes normales ! Et toute cette histoire juste parce que nous sommes des femmes ! Je rentre dedans et en ressort à peine quand un homme rentre dans les toilettes. A ce moment, le gardien revient et nous fait comprendre qu’il nous faut vite déguerpir, pas question pour Marlène d’y aller. Décidément, l’Inde parfois ça nous dépasse !

File d'attente devant l'un des stands du camp sanitaire

Health Camp

Après cette petite mésaventure, nous nous rendons à notre rendez-vous avec Sakaar Outreach. Rakesh nous a en effet invitées à voir un Health Camp, une de leurs principales activités. En partenariat avec le gouvernement, il s’agit d’organiser une fois par mois dans un slum un camp médical où les soins sont gratuits. Les femmes et les enfants, qui ont reçu au préalable un dossier d’inscription, peuvent ainsi consulter gratuitement tous les spécialistes : ophtalmologiste, gynécologiste, pédiatre, faire un dépistage du sida, recevoir des conseils juridiques et matrimoniaux, obtenir des médicaments, suivre des cours de yoga ( !). Un magicien est même là pour divertir les enfants, profitant de son spectacle pour sensibiliser son public sur un certain nombre de questions sanitaires.
L’ONG reste quelques mois dans la même zone géographique puis déplace son camp vers une autre zone défavorisée. Le gouvernement ayant conclu une trentaine de partenariats de ce type avec d’autres ONG pour la tenue de Health Camp, cela permet de couvrir un nombre assez large de zones.

Nous rencontrons pour la première fois la responsable et fondatrice de l’association qui nous fait visiter le camp tout en nous expliquant pourquoi elle a voulu créer cette ONG :
« C’était mon rêve depuis toujours d’aider ces gens, de faire quelque chose pour ceux qui vivent dans les slums. Je suis tellement contente de pouvoir le faire maintenant ! Beaucoup de gens autour de moi me disent que je suis folle de m’être lancée là-dedans, que je ferais mieux de faire autre chose. Mais moi c’est ça qui me rend heureuse ! »
On nous propose ensuite un Chaï, le thé local. Il s’agit d’un thé aux épices (masala, cardamome...) avec beaucoup de lait que les Indiens boivent à toute heure de la journée. A tous les coins de rues vous pouvez trouver une petite boutique et même des marchands ambulants  qui proposent du Chaï! Soucieuses de nous mettre à la coutume locale, nous avons vite pris le pas et sommes désormais adeptes du chaï, toutes les raisons étant bonnes pour en commander un ! Nous buvons donc notre thé, en compagnie de Rajeev Sakosena, un employé du gouvernement venu superviser le bon déroulement du camp. Il s’occupe d’un orphelinat à Delhi, composé d’une maison d’accueil et d’une école, et nous invite à visiter les lieux. Malheureusement, nous n’avons plus que quelques jours à Delhi et ils sont déjà bien remplis.

Nous retournons faire un tour du health camp et sommes finalement conviées au cours de yoga ! Après avoir appris quelques mouvements de base, nous les laissons à leurs occupations car comme toujours, notre présence perturbe un peu la tranquillité du cours ! Nous faisons alors la connaissance des volontaires de l’ONG, avec qui nous sympathisons rapidement. Un peu plus jeunes que nous (18-19 ans), elles sont presque toutes des habitantes du slum qui ont été formées par Sakaar Outreach au travail de volontaire. Seule l’une d’entre elles parle anglais et doit par conséquent se lancer dans de longues séances de traduction ! Chose à laquelle nous ne nous attendions pas, elles nous expliquent qu’elles sont très touchées par notre démarche car jusqu’ici, aucun blanc n ‘était encore venu à leur rencontre dans le slum. L’une d’entre elles nous a dit une phrase qui nous a beaucoup marquées :

Une mère et sa fille attendant de s'enregistrer pour le camp sanitaire

Photo de groupe avec les bénévoles de Sakaar Outreach« Vous êtes les deux seules à être venues du ciel et à être descendues jusqu’au slum »...
Elles insistent ensuite pour enchaîner sur une séance de photographies avec nous avant de nous mettre à table. L’une d’entre elles ne mange pas et me regarde fixement, j’essaie donc de savoir ce qui ne va pas :
« Elle dit que réussir à prendre une photo avec vous c’était une chose, mais qu’elle n’arrivera pas à manger avec vous, elle n’ose pas. »
Encore une fois, nous nous sentons un peu mal à l’aise de l’attention que l’on nous porte simplement parce que nous sommes blanches...
Le repas fini, nous quittons le health camp, impressionnées par l’efficacité de l’organisation. Malgré tout, une question persiste : que se passe-t-il pour les populations quand l’ONG change de zone ?
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