Réunion des leaders des SHGs de l'association MYRADA, près de Delhi

Les Self Help Groups

Lorsque l’on parle de micro-crédit, on fait la plupart du temps référence au micro-crédit de type Grameen, c’est-à-dire à la méthode initiée par la Grameen Bank au Bangladesh. Dans ce système, les clients contractent des emprunts individuels auprès de l’IMF (Institution de Microfinance), en épargnant régulièrement selon des règles imposées par l’IMF. Un principe de caution solidaire  accompagne ces emprunts, des groupes de 5 à 7 personnes étant constitués pour garantir le remboursement. Dans un tel système, l’IMF conserve une maîtrise totale du processus bancaire. Certains critiquent ce système, très répandu, lui reprochant d’être trop disciplinaire, d’imposer des règles quasi militaires.

Il existe en dehors de ce modèle  diverses formes de micro-crédit, et plus particulièrement le système des Self-Help Group, très développé en Inde. Selon ce dernier modèle, des groupes de 15 à 20 personnes sont formés, souvent épaulés par une ONG qui les incite à se regrouper ensemble et les aide à s’organiser. Les membres du SHG (Self Help Group) déterminent ensuite ensemble les règles qui vont régir le groupe : le calendrier et le taux d’épargne, les conditions d’attribution d’un prêt,...Le plus souvent, après 6 mois d’épargne, le SHG peut ouvrir ensuite un compte en tant que personne morale : l’emprunt est donc collectif, et non individuel comme dans l’exemple de la Grameen Bank. Ces Self Help Groups n’ont pas qu’une simple vocation financière : en général adossé à une ONG, sans laquelle il lui est difficile de perdurer (par manque de formation managériale, financière,...), le SHG a également pour vocation de remplir un rôle social et politique. En effet, lorsqu’il fonctionne bien, un SHG permet de valoriser ses membres, qui sont eux-mêmes acteurs de leur réussite. Les SHG sont aujourd’hui l’instrument majeur de la campagne « women empowerment » lancée par le gouvernement indien : mis en avant comme un moteur d’émancipation des femmes et vecteur de diffusion de leurs droits, les SHG se transforment également en de véritables acteurs du développement local.  Ils sont en charge de fonctions relevant de l'intérêt général, depuis la promotion du développement durable jusqu'à la participation politique en passant par la fourniture de services publics et la circulation de l'information. En 2001, plus de 4 millions d’Indiens ont bénéficié de tels emprunts au travers de plus de 250 000 SHG. Le système des SHG est toutefois critiqué par certains : en effet, au nom de leur propre émancipation, les femmes pauvres des SHG se voient confier des obligations dont elles s’acquittent à titre bénévole...

Quoiqu’il en soit, il n’est désormais quasiment plus possible en Inde de parler d’ONG sans parler de SHG. Sakaar Outreach recourt d’ailleurs à ce système pour 3 groupes de femmes aidées par l’ONG. Rakesh nous a arrangé un rendez-vous avec l’ONG MYRADA, pionnière et spécialiste des Self Help Groups en Inde. Nous sommes accueillies par le responsable de l’association, qui nous en présente les principes de fonctionnement, avant d’être invitées à assister au regroupement des SHG. Aujourd’hui, il s’agit d’une réunion de leaders de SHG : ainsi, une trentaine était représentée. Elles discutent par petits groupes de leurs problèmes respectifs avant d’être  auditionnées une à une par le responsable de l’ONG et par des représentants de la banque NABARD (National Bank for Agriculture and Rural Development). L’objectif de la journée : régler les problèmes de remboursement de prêts, et traiter des éventuelles nouvelles demandes d’emprunt (cf. photoreportage).
Au cours de la journée, nous faisons encore une fois preuve d’un sens aiguë du respect des coutumes locales...En début de séance, Rakesh est appelé par le responsable afin de se présenter et de nous présenter. A ce moment là, il nous fait signe de le rejoindre. Je me présente donc (le tout étant bien entendu traduit en Hindi par Rakesh) et on me tend un bouquet de fleurs, ainsi qu’un à Marlène. On nous fait signe de faire la pose tandis qu’un photographe nous prend en photo toutes les deux en train de recevoir nos fleurs...nous ne comprenons pas très bien de quoi il s’agit ! Rakesh nous fait signe de retourner nous asseoir, je m’en retourne donc à mon siège un peu perplexe, mes fleurs à la main. L’assemblée se met alors à pouffer de rire en me regardant : qu’ai-je bien pu faire cette fois-ci ? On me fait de grands signes et je comprends alors...le bouquet n’était pas un cadeau, mais un signe rituel de bienvenue...et ils avaient besoin du bouquet de fleurs pour accueillir les représentants de la banque !
A la fin de la réunion, nous faisons une petite séance de discussion avec les femmes leader : comment gèrent-elles leur rôle ? Que leur ont apporté les Self Help Groups ? Comment cela a-t-il fait évoluer leur statut de femme dans la société et dans leur famille ?...une série de questions réponses très intéressantes, même si une partie des échanges s’est un peu perdue dans la traduction...

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