Steldijk Museum

Les imprévus

Comme il serait impensable que notre séjour se passe sans qu’aucun évènement imprévu ne vienne le perturber de quelque manière que ce soit, nous avons pu faire quelques rencontres qui font que le voyage est ce qu’il est :

Arrivées à Amsterdam, il nous faut trouver un accès à Internet afin de chercher un logement. Nous nous dirigeons vers un McDonald, espérant que nous pourrons nous connecter gratuitement au wifi. Nous nous renseignons auprès d’un homme posté devant la porte qui nous explique que nous ne pourrons pas nous connecter et nous indique un cyber café non loin de là. Nous lui demandons s’il ne connaîtrait pas plutôt un endroit où nous pourrions nous connecter gratuitement. Sa réaction s’avère pour le moins étonnante puisque pour seule réponse nous avons eu droit à... 4 euros !

Lorsque nous lui expliquons que nous avons de l’argent et que nous ne voulons pas accepter, il se contente de poser les pièces sur le sac posé devant nous avant de disparaître... un peu abasourdies, nous décidons que ces 4 euros seront reversés à des personnes qui en ont vraiment besoin. Alors que nous nous promenons sur la place Dam, en plein centre d’Amsterdam, un SDF nous interpelle. Nous nous arrêtons et  commençons à discuter avec lui : il nous explique comment il est devenu SDF (perte de son travail, rupture avec sa femme, le propriétaire qui n’acceptait pas les retards de paiement..), les différents pays dans lesquels il a vécu et la façon dont sont traités les sans abris dans chacun de ces endroits, sa vie ici, aux Pays-Bas et les raisons qui font qu’il se sent beaucoup mieux accepté ici qu’ailleurs... Son récit nous touche beaucoup et nous restons quelques temps à bavarder avec lui, parlant des conditions de vie des SDF en France (où il a vécu pendant un certain temps), l’écoutant nous relater ses histoires et les « galères » qu’il a dû endurer... Après nous avoir remerciées d’avoir pris du temps pour l’écouter et échanger avec lui, il nous demande si nous n’avons pas un peu d’argent pour qu’il puisse manger. Nous fouillons les fonds de nos poches et réussissons à réunir quelques pièces que nous lui offrons (nous qui cherchions à redistribuer les 4€ à quelqu’un qui en auraient plus besoin que nous...).   Cette anecdote est d’autant plus intéressante que quelques jours auparavant, nous avions émis l’idée d’un prochain voyage qui consisterait à recueillir les témoignages des SDF dans plusieurs pays du monde. Peut être est-ce un signe...

LE Hollandais (typique ??) - Alors que nous sommes tranquillement assises dans un bar, un jeune homme s’assied à notre table. Jusqu’ici, rien d’anormal. Sauf que ce charmant jeune homme est en fait un routier passionné de camions et qu’il prend à partie la pauvre Marie et lui montre toutes ses vidéos sur son téléphone portable. Un peu lâche, je la laisse se débrouiller seule tout en essayant de me retenir de rire. Tout ce que j’arrive à entendre de là où je suis, c’est :
« Là c’est une route à Paris... là c’est une autre route, mais à Milan... là c’est un péage... là c’est le périph... parce qu’il y avait des travaux sur la route... donc j’ai dû prendre le périph... là c’est un autre péage... »
Chaque regard que j’échange avec Marie se traduit par un fou rire incontrôlable. Pourtant ce n’est que le début !

Ensuite, Marie a droit à des photos de routes, puis de péages, puis de routes...à n’en plus finir ! Non content de cela, il décide, une fois son stock de photos épuisé, de lui faire écouter toutes ses sonneries de portable (dans un bar, musique à fond...) et, pour finir il lui faut l’admirer et l’encourager alors qu’il joue à des jeux sur son portable (tâche dont elle s’acquitte par des regards furtifs ponctués de « hum hum », « Yes, yes, I can see... »). Au bout d’un moment, nous réussissons (enfin !) à lui fausser compagnie, prétextant une fatigue incontrôlable...

Lucas LE Français - C’est alors que nous sortons de l’auberge pour aller nous balader que nous faisons la connaissance d’un jeune français. Alors que j’attends  Marie dans l’entrée, je surprends une conversation qu’il entame avec la réceptionniste :
- les dortoirs des hommes sont tous en haut, en bas c’est seulement les femmes
- Ah non, ça m’arrange pas du tout ça, je sais pas dans quel état je vais rentrer ce soir, il faut que je puisse retrouver mon lit et je sais pas si je vais pouvoir monter les escaliers... Je peux pas dormir en bas plutôt ?
Nous sortons de l’auberge et là il nous interpelle :
« Eh oh faites gaffe les filles traînez pas trop, moi je me suis déjà fait braquer ici, c’est dangereux et vous êtes des filles, vous risquez de vous faire emmerder... enfin vous ça va, on devrait pas trop vous chercher... vous êtes pas... enfin vous voyez ce que je veux dire... vous êtes pas des princesses quoi ! »
Charmante rencontre. Nous le laissons partir et passons la soirée de notre côté. Le lendemain matin, alors que nous allons prendre notre petit déjeuner, qui trouvons-nous endormi, encore tout habillé, sur les fauteuils dans le couloir ?! Ce même français bien sûr ! Comme nous passons une bonne partie de la journée à travailler à l’auberge, c’est en plein milieu de l’après midi que nous le voyons émerger, boitant, et chaussures à la main. Il nous explique qu’il a passé la nuit à marcher et qu’il a attendu ce matin que l’auberge ouvre pour aller dormir... à ce moment là, nous n’imaginons pas que ce français un peu bizarre allait finalement passer une bonne partie du séjour en notre compagnie : en effet, outre les soirées que nous passions ensemble, il nous réveillait le matin en nous tirant par les pieds (alors que la veille au soir il ne pouvait pas rentrer dans l’auberge, faute du pass qui est obligatoire pour entrer), il faisait régulièrement des petites siestes dans le dortoir des filles avant de se faire réveiller par les hommes d’entretien... voilà ce qu’on a appelé le concept Lucas : pour lui, tout devait être gratuit ! Or, comme il ne pouvait pas rentrer le soir pour dormir, il passait la nuit tantôt dans un Burger King, tantôt dans un tram, tantôt dans les rues... et s’arrangeait pour rentrer dans  l’auberge pour dormir quelques heures au chaud... En quittant l’auberge pour aller nous installer chez Angelo, nous quittons par la même occasion ce cher Lucas... enfin c’est ce que nous pensions puisque 2 jours avant notre départ, nous le recroisons par hasard dans les rues d’Amsterdam ! Nous allons prendre un verre ensemble, c’est l’occasion pour lui de nous apprendre qu’il compte s’installer à Amsterdam, qu’il a déjà presque trouvé un appartement et un travail, et il en profite pour nous offrir des petits cadeaux pour qu’on se souvienne de lui : une décoration mexicaine pour Marie, une boucle d’oreille pour moi et, un cadeau qui selon lui nous sera toujours utile autour du monde... un boite de cure-dents ! C’était le meilleur cadeau qu’on nous ait offert depuis le Burkina ! Merci Lucas !

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