Arrivée aux Pays-Bas...

Arrivées aux Pays Bas, nous sommes tout de suite accueillies par Marco que nous avons contacté par l’intermédiaire d’Hospitality Club : première vraie rencontre avec cette magnifique langue qu’est le Hollandais ...c’est non sans mal que nous parvenons à comprendre puis à retrouver l’arrêt de tramway où nous attend  Marco. Nous passons la première soirée en sa compagnie et, après lui avoir expliqué en quoi consiste notre projet, il nous demande :
- Vous savez bien sûr qu’ici la prostitution est légale... quel est votre avis sur la légalisation ?
S’en suit un débat sur la prostitution qui nous fait prendre conscience d’une certaine réalité... est-ce parce que nous nous étions jamais vraiment posé la question ou parce qu’en France les mentalités sont différentes, mais le discours de Marco sur le sujet nous fait quelque peu réfléchir : pour lui, la prostitution est un travail comme un autre et il n’a aucun mal à concevoir qu’une femme puisse vendre son corps comme n’importe quelle autre marchandise. Nous rencontrons ses amis qui ont le même point de vue sur le sujet. Entre autre, nous faisons la connaissance de Ian, un canadien qui s’est installé aux Pays Bas pour suivre sa petite amie qui fait des études sur le genre (gender studies) : contrairement à ce que l’on aurait pu penser si l’on considère le travail de son amie, son approche du sujet est assez radicale et il ne comprend pas notre point de vue selon lequel il n’est pas possible de dissocier son corps de son esprit lorsque l’on exerce un tel métier. Nous commençons vraiment à réfléchir sur les idées avancées et les arguments qu’ils utilisent pour appuyer leur point de vue et nous nous rendons compte qu’il y a matière à polémique sur ce sujet. Ayant pris un peu de retard sur notre travail au Burkina Faso (rédaction des carnets de route, retranscription des interviews, photoreportages...) nous avions choisi de profiter de ces deux semaines à Amsterdam pour tout mettre à jour, mais après ces discussions, nous réalisons que nous ne pouvons pas être ici sans nous intéresser à la légalisation de la prostitution et tout ce qu’elle entraîne. Voyant que ce sujet nous tient à coeur,  Marco décide que pour notre première soirée, il nous faut entrer dans le vif du sujet. Il nous emmène donc voir le Red Light District. C’est avec une certaine curiosité mais surtout avec une sensation de malaise, de gêne devant ce spectacle, que nous nous joignons aux clients (un jour de semaine, seuls les« consommateurs » sont présents dans le Red Light District, contrairement aux week-end où les rues sont pleines de touristes) pour arpenter ces rues bordées de fenêtres d’où ressort la lumière de néons rouges.

Dans chacune de ces vitrines, des femmes de tout âge revêtant des tenues toutes plus légères les unes que les autres s’exhibent, se déhanchent, se collent à la vitre pour essayer d’attirer les passants. Nous passons assez rapidement, jetant un coup d’oeil furtif et faisons finalement part à Marco de notre désir de quitter les lieux : c’en est assez pour cette fois, nous reviendrons plus tard... Nos amis qui étaient déjà venus ici nous avaient souvent parlé de ce quartier : « c’est pas si choquant que ça en fait » « on s’y habitue, ça devient normal »... nous n’aurions jamais imaginé que cela pourrait être aussi éprouvant, serions-nous plus sensibles que la moyenne ou simplement plus réalistes ? Difficile à dire. Nous reprenons donc le chemin du retour avec un vélo que le colocataire de Marco a acheté quelques instants auparavant à un « junkie » (c’est ainsi que l’on nomme ceux qui revendent des vélos dans la rue... une pratique apparemment très répandue, nous nous sommes vues proposer à plusieurs reprises des vélos à prix dérisoire...). Nous nous endormons assez difficilement, malgré le voyage qui nous a fatiguées, la tête toujours remplie de ces lumières rouges...

 Le Red Light District, quartier des prostituées

Jours précédents

Jours suivants

Hébergement Torop.Net - Mise à jour WSB.Torop.Net