Coucher de soleil sur une dune de sable près de Gorom

De retour à Gorom

Nous sommes de retour à Gorom où nous passons la nuit. Le lendemain, nous retrouvons le groupe de femmes pour la formation teinture. Au programme de la journée : apprentissage de la technique pour créer des motifs. Nous rejoignons ensuite  Mohammed et le préfet de la province de Tin Akof. Mohammed est le coordinateur du projet Education dans le Sahel. Il nous a donné rendez-vous afin de nous expliquer plus précisément le projet qu’il dirige. La présence du préfet rend l’entrevue d’autant plus intéressante : sa province fait partie des zones ciblées par le projet et Tin Hinan collabore avec lui dans ce cadre. Ils nous parlent tous deux des problèmes que rencontrent les écoles à recruter mais aussi à conserver les élèves, et plus particulièrement lorsqu’il s’agit des filles. Certains parents redoutent de les envoyer à l’école :

« Si elle va à l’école, elle ne voudra plus se soumettre. Après ça, si on lui trouve un mari, elle n’en voudra pas. C’est ça que pensent les parents. »
Tin Hinan a développé un projet d’éducation dans trois villages du Sahel. La phase préparatoire étant achevée, le projet va donc entrer en exécution dès à présent, pour une durée de trois ans. Des animatrices ont été recrutées pour assurer, dans chaque village, la sensibilisation auprès des parents, le suivi des élèves et la poursuite de leur scolarité.  Elles ont également une formation et du matériel de secours qui leur permet d’assurer les premiers soins.  Tin Hinan fait également un travail de plaidoyer, en particulier auprès de l’Etat : il s’agit d’une part de l’encourager à donner gratuitement les fournitures et les repas aux écoliers, l’aspect financier représentant encore un frein majeur à l’éducation (même si ces frais peuvent, aux yeux d’un européen, paraître dérisoires), d’autre part de faire avancer l’idée d’une école qui, plutôt que d’exiger un changement du mode de vie nomade pour assurer la scolarisation des enfants, s’adapterait à ce mode de vie.
Nous continuons à discuter un moment des problèmes liés à l’éducation des fillettes puis à l’éducation en général avant de rejoindre Lasso et Moussa, les deux guides rencontrés le premier soir. Ceux-ci nous ont proposé de nous emmener voir le coucher de soleil sur les dunes de sable. Pour eux, pas question qu’on parte sans avoir vraiment vu le désert ! Ce serait en effet dommage...et de toute façon la proposition est gratuite, donc nous n’hésitons pas un instant ! Nous partons donc toutes les deux en moto derrière eux. Une moto sur du sable....Voilà un mode de transport que nous n'avions pas essayé ! On a à peu près le sentiment de faire de la moto sur de la glace, avec en bonus de grandes plantes piquantes sur notre chemin ! Malgré tout, le paysage qui nous attend à l’arrivée valait le déplacement. Après avoir contemplé le coucher de soleil sur les dunes et pris le thé avec le chef du village voisin, Menegou, nous rentrons passer notre dernière nuit à Gorom.

Le célèbre marché de Gorom Gorom

Dernier jour à Gorom – départ pour Bobo

Il nous reste quelques heures avant de prendre notre bus, nous en profitons pour faire le marché de Gorom, guidées par des enfants du quartier. Le marché est magnifique et s’étend sur plusieurs parties de la ville, avec le marché artisanal, le marché au bétail, le marché aux chameaux, la mare où les animaux du marché viennent s’abreuver...la ville est en pleine effervescence, colorée de toute part. Les enfants qui nous guident nous marquent par leur « maturité ». Ils ont quoi ? 7, 8 ans peut-être ? Et pourtant ils parlent, agissent et même marchent comme des adultes. Ils n’ont pas eu la chance qu’on les laisse grandir... Ils nous expliquent l’histoire de ce mendiant que nous croisons, un vieil aveugle dont le fils a crevé les yeux, puis de celle de l’enfant mendiant qui nous demande de le prendre en photo contre de l’argent, tandis que nous progressons dans le marché. Ils nous guident également pour que nous puissions réserver nos tiquets de bus pour l'après-midi : le bus que nous conptions prendre part finalement plus tôt que prévu, c'est pourquoi nous sommes obligées de nous rabattre sur une autre compagnie.

« Faites comme vous voulez mais je vous conseille pas de partir avec eux, ils vont vous dire que vous arriverez à Ouaga à 18h, mais en fait, ils sont toujours en retard et vous allez passer la nuit à Dori...» nous met gentillement en garde un employé de la première compagnie. Qu'à cela ne tienne, nous n'avons pas vraiment le choix et réservons donc nos billets avant de quitter nos guides. Nous leur laissons finalement quelques pièces et des  bic pour les remercier, alors qu’ils s’en retournent chez eux pour nourrir leurs bestiaux.
Comme tout bon touriste qui se respecte, nous arpentons ensuite (assez brièvement) les allées du grand marché du jeudi. Nous passons des épices aux tissus sans oublier les objets et bijoux traditionnels à qui nous ne résisterons pas à l'envie d’acheter quelques souvenirs. Le temps de courir chercher nos sacs et de faire nos adieux aux membres de l’association, et nous sommes déjà reparties pour prendre le bus, sans même avoir le temps de manger. Le trajet est tout de même assez long, je pars donc me renseigner auprès du chauffeur qui m’explique qu’on effectuera un arrêt d’une demi-heure à Dori et que nous pourrons acheter quelque chose là bas. Nous embarquons donc dans le bus, direction Dori. A côté de nous, un employé de la RTF (la société de bus) nous demande si ça nous arrangerait de dormir à Dori ce soir... peu convaincues, nous lui expliquons que nous préferions vraiment passer la nuit à Ouaga ! Arrivés à Dori, le chauffeur nous prend à part :
« On va s’arrêter mais seulement 10 minutes,  vous trouvez à manger et vous revenez ! 10 minutes, pas plus hein ?! »
Nous courrons nous acheter quelques bananes avant de remonter dans le bus. Nous mangeons nos bananes tranquillement, commençons à lire (pour l’une) et écrire (pour l’autre), et quand je regarde ma montre, plus d’une heure a déjà passé. Nous levons la tête et nous rendons compte que nous sommes complètement seules dans le bus. Nous descendons pour voir de quoi il retourne et découvrons que ces 10 minutesn'ont certainement pas la même valeur ici: certains jouent au baby-foot, d’autres sont assis à l’ombre à siroter tranquillement une bière... On se demande s'ils savent tous pourquoi nous sommes encore arrêté. Nous remarquons juste un homme qui essaye de refermer l'avant du bus avec une pièce en métal... mais à l’envers. Nous tournons depuis bien une heure, en nous demandant si nous n’allons pas vraiment passer la nuit à Dori, quand un homme nous propose une invitation au restaurant. Nous déclinons son invitation en lui expliquant que notre bus va bientôt partir.
« Ah ben ça, ça m’étonnerais ! c’est moi le responsable du bus et il est pas prêt de
partir ! »
Nous quittons Dori une demi heure plus tard, sans vraiment trop savoir à quoi était dû cet arrêt prolongé, pour atteindre Ouaga à 22h, fatiguées... mais prêtes pour repartir à l’aube le lendemain !

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