Départ pour Tasmakat

Adama, le gardien, s’est chargé de nous louer une moto. Nous partirons donc l’une après l’autre, Rissa faisant le conducteur (malgré l’insistance de tous, nous avons réussi encore une fois à repousser l’idée que nous pouvions conduire une moto sur la piste !). Je pars la première. Quelques mètres plus tard, Rissa m’annonce, calmement :
« Le problème de cette moto, c’est qu’elle n’a pas de freins . »
Puis un peu plus tard sur la route :
« Les gens ici font n’importe quoi ! Ils traversent n’importe où on peut pas les éviter. C’est dur de ne pas avoir un accident ! »
Me voilà encore une fois tout à fait rassurée... !

Nous arrivons à Tasmakat et je peux enfin me décontracter... nous avons la chance d’arriver le jour du marché (qui se déroule une fois par semaine) : tous les villageois mais aussi tous ceux des villages voisins sont réunis pour l’occasion.

Je suis accueillie par le responsable du centre d’alphabétisation, qui va nous loger pour la nuit, et par Moussa, l’animateur du centre. Nous nous asseyons un moment à discuter avant que Rissa ne reprenne la route pour aller chercher Marlène. De nombreuses femmes rentrent alors dans la pièce. Elles m’apparaissent toutes plus magnifiques les unes que les autres, toutes vêtus de couleurs lumineuses. Moussa m’explique alors que ce sont ses « auditrices », celles qui suivent le cours d’alphabétisation, et qu’elles sont venues pour m’accueillir. Toutes me parlent, rient, me font des gestes... Malheureusement, je ne parle pas le Tamachek, elles ne parlent pas le Français, et Moussa semble préférer rire avec elles que de me traduire... Bref, je ne comprends pas un mot de ce qui se dit (à part qu’une femme a cherché à me donner son enfant avant de se raviser... « maigre comme elle est, elle ne pourra jamais l’allaiter ! »), mais l’ambiance semble conviviale alors je profite et observe.

On me fait signe de me lever : nous allons nous asseoir dehors, à l’ombre, nous serons mieux. On m’installe une natte. Après quelques brefs échanges, Moussa me dit de l’attendre, qu’il s’en va mais qu’il revient tout de suite. Les autres qui étaient assis autour et ne parlent pas français vaquent à leurs occupations...si bien que je me retrouve seule au beau milieu du village, assise sur une natte et ne parlant pas un mot de Tamachek ! Et impossible de ne pas me faire remarquer : une blanche seule assise en plein milieu du marché, ça n’arrive pas tous les jours ! Bref, j’essaie tant bien que mal de communiquer par gestes avec tous les gens qui s’agitent autour de moi. Une demi-heure plus tard, Moussa vient enfin me délivrer. Il me guide à travers le marché puis m’emmène découvrir « la mare », un lieu sublime...Au beau milieu de cette zone désertique, Tasmakat me semble être un havre de paix. Un lac s’étend à perte

de vue, recouvert de nénuphars, si bien que la surface verdoyante de l’eau se confond avec le sol. Tout autour, des arbres offrent une ombre généreuse qui atténue la chaleur environnante. Nous nous asseyons au pied d’un de ses arbres pour discuter. Moussa me parle de son travail, puis de la vie des femmes du village. Il m’explique que bien que l’âge légal soit 18 ans, les femmes sont mariées ici beaucoup plus jeunes, selon le mariage coutumier. Ainsi, le plus souvent une fille sera mariée à 13-14 ans et aura son premier enfant à 15 ans. La femme peut choisir son mari si elle en aime un et que les parents sont d’accord. Mais si à l’âge du mariage elle n’a trouvé personne, alors on lui en impose un. Autrefois, les fillettes étaient même mariées dès l’âge de 5 ans et allaient vivre, encore enfants, chez le mari qui  leur avait été désigné.

Le marché semble avoir touché à sa fin. Pour rejoindre le village, beaucoup doivent atteindre l’autre rive du lac. N’ayant pas d’alternative plus rapide pour le traverser, tous traversent à pied. Nous assistons donc à un défilé de chameaux, d’ânes, de chèvres, de marchands poussant leurs charrettes, de femmes portant du mil sur la tête...et tous dans l’eau des pieds jusqu’à la taille. Il est maintenant temps pour nous de rejoindre  Marlène et Rissa qui doivent être déjà arrivés.

Nous passons la soirée en compagnie du responsable du groupement de femmes local qui nous accueille pour la nuit. Dégustation de chevreau grillé (et épicé !) où  Marie manque de justesse de mordre à pleine dent dans un testicule, suivi du traditionnel thé à la menthe. Au cours de la soirée, nos besoins naturels commençant à se faire ressentir, nous partons à la recherche de latrines : Rissa nous indique que ça serait plus « sympa » pour nous d’aller directement dans la brousse. Quelle bonne idée ! A peine avons nous trouvé un endroit assez reculé et pourvu d’une végétation un minimum camouflante, que nous découvrons que nous sommes suivies par des enfants qui apparemment comptent bien rester avec nous. Ne parlant pas un mot de Tamachek, il nous parait difficile de leur demander de nous laisser. Faisant preuve d’un peu (voir beaucoup !) de patience, nous réussissons  enfin à être seules. Il ne nous reste ensuite plus qu’à... rentrer ! C’est le désert tout autour de nous et nous avons tellement tourné que nous ne savons plus d’où nous venons. Quand nous retrouvons le village, Rissa nous avoue qu’il se doutait un peu que nous étions perdues et qu’il s’apprêtait même à envoyer quelqu’un à notre recherche...

Un cours d'alphabétisation à Tasmakat

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