Adama, notre premier hôte à Ouagadougou

Samedi 14 octobre

Nous nous doutions que les aventures commenceraient rapidement... mais peut-être pas à ce point ! C’est déjà en France, à l’aéroport Charles de Gaulle, que celles-ci ont débuté... Pour contrer notre bonne vieille habitude, celle de toujours arriver au dernier moment, nous avions décidé d’être prudente et de nous rendre tôt à notre terminal. Le temps passe, et nous remarquons que le nom de notre vol n’apparaît toujours pas sur le panneau lumineux. On se renseigne donc, simple formalité pour nous rassurer :
« Ah oui, mais c’est normal, on a changé de terminal tous les départs pour l’Afrique. Par contre, maintenant, c’est au terminal C, à l’autre bout de l’aéroport. Et l’enregistrement se termine dans 15 minutes. Faites vite, courez sinon vous ne l’aurez jamais !  »
Premières sueurs. Course effrénée dans l’aéroport. On arrive à proximité du terminal C, mais on est tout de même un peu perdues. Cela doit se voir, car immédiatement, un homme nous indique le chemin et en profite pour nous demander un petit service. Il nous demande d’embarquer les bagages de sa fille car elle reste en France et n’arrivera à Ouaga que 10 jours plus tard. Brève réflexion : les valises sont étiquetées et nous

 qu’un sac chacune... nous enregistrons donc 1 valise de plus chacune avant de retourner la voir. Elle nous donne alors son numéro pour qu’on la recontacte une fois sur place (elle nous a invitées à manger le poulet Yassa) et nous présente à l’homme chargé de récupérer les bagages et de les remettre à une femme prénommée Joëlle. Nous embarquons donc dans l’avion... 5 heures plus tard, nous arrivons enfin au Burkina Faso. Nos premiers pas au « pays des hommes intègres » se révèlent assez remarqués par les autorités de l’aéroport : à l’arrivée des bagages, nous retrouvons l’homme de l’aéroport qui nous précise que ce n’est pas lui qui devait récupérer les bagages mais nous, et qu’il devait seulement nous présenter à Joëlle.  Ah ! Au moins lui il connaît Joëlle ! Je suis rassurée...
« Non pas du tout, je sais juste qu’elle travaille à l’aéroport... rien de plus. Mais je ne vais pas rester des heures ici, vous la trouverez bien, au revoir ! »

Nous voilà donc perdues dans le petit aéroport de Ouagadougou à la recherche d’une certaine Joëlle dont nous ne savons rien. Pas facile, surtout qu’on ne retrouve pas ses bagages... En toute innocence, nous demandons à un policier s’il connaît par hasard une Joëlle qui travaille ici. Négatif : comment allons nous la retrouver ! Après avoir fait rire l’ensemble des policiers avec notre histoire, nous arrivons à joindre la soeur de Lili (la fille aux bagages), avec l’aide du téléphone d’un des policiers. Celle-ci nous explique que Joëlle nous attend à l’extérieur de l’aéroport. Tant bien que mal, nous nous frayons un chemin pour sortir aidées de 2 policiers qui nous portent les valises (enfin retrouvées !). 

 « Vous avez quoi dans ces valises ? », interroge le douanier qui vient d’entamer la fouille des sacs...Perplexes, nous nous demandons ce que nous allons bien pouvoir répondre ! Par chance, le douanier remarque la présence des policiers avec nous et décide de nous épargner ces formalités. Ouf ! Nous sortons et remarquons dans la foule le petit panneau en bois  tenu par Adama, que nous devions rejoindre à l’aéroport. Voilà une bonne chose de faite ! Il nous reste encore à retrouver la fameuse « Joëlle »... je pars alors à sa recherche, pensant que c’est peine perdue...je demande à la première femme que je croise : c’est Joëlle ! L'aventure aurait pu mal se terminer, mais à croire que la chance nous sourit...

Joëlle retrouvée, nous pouvons faire plus ample connaissance avec Adama et Ibrahim, son colocataire.
- Ca va ?
- Ca va
- Et le voyage ça va ?
- Ca va
- Et la France, ça va ?
- Ca va
- Et la famille ça va ?
- Ca va
- Et Drissa (le frère d’Adama, qui vit en France), ça va ?
- Ca va

Après ce petit rituel dont nous deviendrons vite coutumières, nos deux acolytes se chargent d’organiser notre transport jusqu’à leur domicile. Ils interpellent un « taximan », comme on les nomme par ici, et une longue discussion s’amorce entre eux. En Dioula ou en Moré, nous ne savons pas trop.  Ce qui est certain, c’est que la conversation est animée !
- C’est bon, on peut y aller, nous lance alors Adama.
Nous nous dirigeons donc vers le taxi.
- Mince !
Dans la cohue, nous avons totalement oublié de changer de l’argent.
- Pas de problème, nous lance le taximan, je vais faire venir quelqu’un ici !
A peine quelques minutes plus tard, un homme arrive avec sa sacoche.
- Combien vous voulez changer ?
Nous n’avions pas eu le temps d’expliquer que nous n’avions avec nous que des travellers cheques. Pas évident que l’homme à la sacoche soit en mesure de les changer ! Heureusement, j’ai sur moi 50€. Après quelques calculs de tête rapides, nous jugeons acceptable la maigre commission qu’il s’octroie et concluons l’affaire. Avec ça, nous pourrons nous en sortir au moins jusqu’à lundi, jour d’ouverture des banques. Le taximan nous indique alors le taxi dans lequel déposer nos bagages... un vieux taxi vert tout défoncé (qui s’avèrera être un des plus luxueux de notre séjour !) dans lequel il nous faut caser au milieu des amortisseurs de rechange nos gros sacs. Adama me fait signe de le suivre : nous partirons tous les deux en mobylette.

Après l’effervescence de l’arrivée, je peux enfin commencer à apprécier l’atmosphère ambiante, à m’imprégner des premières sensations que m’offre l’Afrique. Ma première impression est d’être au milieu d’une ville pleine de vie. La route est jonchée de terrasses de maquis (il s'agit de lieux où l'on peut à la fois manger ou boire un verre)  où les Ouagalais « s’ambiancent », diffusant des musiques locales qui égayent notre trajet. J’observe, séduite, et ressens l’intime conviction que j’aime déjà ce pays, que je vais m’y sentir bien.

Suite à ces quelques réflexions, je reviens vite à la réalité et réalise rapidement que nous ne sommes pas sur une route mais au beau milieu d’une véritable jungle ! A notre droite, deux cyclistes, à notre gauche, une mobylette en train de nous doubler et un taxi, et devant nous une charrue qu’il nous faut éviter ! Et au milieu de tout cela, un Adama tout à fait serein... Soit ! Je dissimulerai donc mon anxiété et m’efforcerai de faire la conversation comme si de rien n’était. Adama m’explique alors qu’il vit dans un nouveau lotissement en construction de Ouagadougou. Son frère Drissa y fait actuellement construire une maison, et Adama, un autre frère et Ibrahim y vivent en attendant, sans eau ni électricité. En effet, la maison risquerait sinon de se voir emprunter portes et fenêtres par des passants... Nous empruntons à présent ce qu’Adama m’explique être
« la piste rouge » : un chemin en terre marécageux parsemé de trous dignes de crevasses ! Pour arranger nos affaires, le phare de la mobylette rend l’âme alors que nous traversons le quartier sans électricité... me voilà tout à fait rassurée ! Nous rejoignons enfin Marlène et Ibrahim qui nous attendent devant la porte avec le taxi. J’apprends alors que le voyage de Marlène a été tout aussi épique que le mien : la piste était souvent moins large que le taxi et ce que nous croyions être les amortisseurs de rechange étaient plutôt les défunts amortisseurs du taxi ! Mais surtout, Ibrahim avait été obligé de mentir au taximan pour l’amener jusqu’ici, au fin fond du bout du monde où aucun taxi ne veut se rendre. Maintenant, il exige de nous la modique somme de 15000 francs CFA (100 F CFA = 1 franc,  soit 0,15€)  pour compenser... après avoir fait nos adieux à la moitié de notre argent, nous entrons dans la maison où nous attend un repas préparé par leurs soins. Nos premiers essais pour manger avec les mains laissent à désirer : sol, vêtements, sacs : rien n’échappe à notre maladresse, ce qui n’est pas sans provoquer l’hilarité de nos hôtes ! Il est maintenant temps de nous reposer. Tandis que je m’endors, comme à mon habitude, en quelques instants, Marlène prend le temps d’apprécier la chaleur ambiante et les moustiques locaux.

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