Premier jour à Ouagadougou, dimanche 15 octobre

Alors que la maisonnée est sur le pied de guerre depuis 6h du matin, nous ne parvenons à décoller qu’à 9h30 : Adama commençait à s’impatienter ! A notre réveil, nous commençons à prendre conscience qu’ici le mot accueil n’est pas un vain mot : alors qu’Adama nous sert le petit déjeuner, Ibrahim part en vélo. A son retour, à peine 2h plus tard, nous apprenons que l’unique motif de son « expédition » était de nous ramener quelques poches d’eau minérale (indispensable pour nos pauvres estomacs européens !), qu’il n’a pu trouver qu’en centre-ville.  Nos hôtes nous emmènent ensuite rendre visite aux voisins afin de les remercier de nous avoir prêté la mobylette pour notre arrivée. Le chef de famille nous sert quelques arachides fraîches : encore une fois, notre maladresse (nous ne parvenons pas à cerner la technique pour les ouvrir à la main) fait rire l’assemblée. Il nous parle ensuite de son travail d’instituteur et nous convie à repasser le voir prochainement. Après avoir, comme la tradition l’exige,
« demandé la route » à trois reprise, nous partons visiter les alentours. Pissy est un quartier relativement désert : quelques maisons en construction sont parsemées ça et là, au milieu des baobabs. Sur notre chemin, nous croisons une famille et notre teint blanc, chose rare, effraie un des enfants que se cache derrière sa mère, larmoyant, pour ne plus voir ces êtres effrayants que nous sommes ! Espérons ne pas provoquer systématiquement de telles réactions sur notre passage ! Un peu plus loin, nous débouchons sur une piste légèrement plus fréquentée. Des femmes portent sur leur tête des récipients remplis de légumes ou de fruits, des enfants tirent des charrettes, un homme passe devant nous avec 2 ânes et une chèvre, une femme bat le mil dans sa cour... très loin de l’image que je me faisais d’une capitale !  A vrai dire, le centre-ville est très différent, et certains quartiers comme Ouaga 2000 pourraient même être pris pour des quartiers chics etatsuniens. Il est étonnant de voir à quel point Ouagadougou recèle de contrastes !
Nous rentrons à la maison afin de prendre une douche. Après avoir cherché quelques instants, nous restons perplexes : où ont-ils bien pu cacher la douche ? Adama nous indique alors les latrines et un seau d’eau... nos réflexes d’européennes nous font rire.  Nous passons le reste de la journée avec Adama, Ibrahim et leurs amis venus jouer de la musique avec eux. Nous découvrons (et essayons sans succès) les instruments traditionnel : kora, balafon, flûte,... En effet, Adama joue de 9 instruments et les fabrique lui-même. Il nous explique qu’il est griot, c’est-à-dire issu d’une lignée de musiciens. Les griots sont ceux qui, traditionnellement au Burkina, jouent de la musique, colportent les nouvelles, règlent les conflits, et font les demandes en mariage auprès de la famille de la future épouse au nom du futur mari. En échange de leur prestation, on leur

offre des chèvres, des poulets, quelques pièces ou un repas. Ce sont eux la mémoire des villages, qui emmagasinent toutes les informations sur les ancêtres de chacun. Adama nous parle avec passion de son rôle de griot, même si celui-ci a beaucoup diminué, en particulier dans la capitale. Il continue toutefois à annoncer les mariages et animer les fêtes, et les grands hommes d’Etat font encore appel aux griots lors d’événements importants. Ainsi, il a déjà joué pour le président qui recevait un invité important.
Après cette journée paisible, nous décidons d’organiser notre séjour : vivre à 3h à pied du centre dans un quartier où aucun taxi ne passe semble peu envisageable pour notre projet ! Nous décidons donc de prendre un hôtel pour deux jours, le temps de trouver un autre logement et de nous organiser avec les associations. Nous essayons, non sans mal, d’expliquer à nos hôtes que ce n’est pas leur accueil ni le manque de confort qui nous font fuir. Après avoir harnaché nos sacs (seules nos deux petites têtes dépassent encore !), nous décidons vaillamment de prendre la route du centre-ville.
« Avec 25kg sur le dos, vous pensez vraiment pouvoir faire 3h de marche en plein soleil ?! Vous ne connaissez même pas le chemin ! »
Nous apprécions la justesse de la remarque et admettons qu’effectivement nous nous étions peut-être un peu emballées... Ibrahim ira donc chercher à vélo un taxi, ce qui finira d’achever notre porte-monnaie. Heureusement, nous pourrons payer une partie de l’hôtel et le restaurant  plus tard... Sinon, nous aurions été à la diète!

Rencontre avec notre premier baobab!

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