Mardi 24 octobre

Nos premiers pas en temps que formatrices au ministère de l’éducation furent, comme nous commençons à en avoir l’habitude, entravés par un évènement imprévu : quelques jours avant le 1er Novembre (fête militaire au Burkina) l’armée effectuait les répétitions agrémentées de défilés qui bloquaient complètement la circulation de toute l’avenue. Nous avons d'ailleurs été étonnées de voir qu’ici les militaires sont beaucoup moins formels qu’en France et qu’ils diffusent à travers de grosses enceintes une musique très entraînante ! Les gardiens nous laissent gentiment passer mais arrivées au ministère, nous apprenons que personne n’a pu rentrer, même pas le personnel du ministère... La formation est donc reportée.

« Ouaga by night »

Nous profitons des quelques moments libres pendant nos soirées pour rencontrer les amis de Solange, une amie étudiante en anthropologie qui a passé trois mois à Ouagadougou, au printemps dernier, pour mener une étude sur les bronziers.
Au bout de quelques jours, nous comprenons vite ce que signifie ici le mot quartier : tout le monde se connaît et sait ce que font les uns les autres. Alors deux blanches... il est évident que tout le quartier connaît nos moindres faits et gestes ! N’importe quel marchand peut nous dire avec précision l’heure de notre dernier passage, et si l’une d’entre nous a le moindre bouton de moustique, tout le quartier est au courant ! Nous commençons ainsi rapidement à nous sentir un peu chez nous...

Au cours d’une soirée, nous découvrons, perplexes, le « décalé coupé ». Un concept qui est resté pour nous jusqu’à présent dans le flou total !  Il s’agit plus ou moins d’un style de musique ou de danse dont nous ne parvenons pas à cerner le principe. Et lorsque l’on se risque à poser la question, on se retrouve toujours face aux mêmes réponses déroutantes :

Autour d'un thé à la menthe...


« C’est un ivoirien qui l’a inventé. Il est mort mais maintenant le décalé-coupé a été repris par d’autres groupes.
- C’est des gens quand ils ont de l’argent, ils le distribuent à tout le monde dans les soirées, dans les soirées d’anniversaire par exemple.
- C’est simple, tu décales et tu coupes. Mais bon, y’a aussi d’autres trucs comme le
« bicyclette bicyclette » ou le « caméra caméra ».
- C’est une chanson où tu dis décalé, coupé et sagacité. Après, tu peux faire ce que tu veux, c’est ta propre interprétation.
- C’est beaucoup de choses...Tiens, ton bracelet par exemple. Ca c’est du décalé coupé ! »
Et lorsqu’ils s’essaient à une démonstration, c’est encore pire... deux personnes qui s’agitent en face de nous de façon totalement anarchique, les deux danses ne se ressemblant absolument pas. Et puis l’un d’entre eux qui lance :
« C’est bon, maintenant vous avez compris le principe ? »
Bref, espérons que nos investigations futures nous éclaireront un peu plus sur le sujet !

Le centre Del Wende

C’est autour d’un thé à la menthe chez Salaam que nous apprenons l’existence du centre Del Wende. Salaam nous explique alors l’histoire des femmes qu’accueille le centre.
 
Dans les villages, la sorcellerie est encore crainte. On peut être accusé de sorcellerie pour de multiples raisons : mort suspecte d’un proche, épidémie... Ainsi, par exemple, si un homme a plusieurs femmes et que l’une d’entre elles accouche d’un mort-né, il arrive qu’elle accuse une des autres femmes de lui avoir jeté un sort, d’avoir « mangé » l’âme de son enfant. Cette dernière, appelée alors « mangeuse d’âmes », est chassée de sa famille et de son village. Elle erre ensuite dans les villes où la crainte de la sorcellerie subsiste malgré tout, ne leur réservant donc pas un meilleur accueil. Elles se retrouve alors seule, sans travail ni ressources. Pour aider ces femmes, une protestante européenne a décidé de créer le centre Del Wende, un centre à Tanghin où les prénommées « mangeuses d’âmes » vivent en communauté. Le centre milite pour réintégrer les femmes expulsées dans leurs familles.

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