 | Les trains Ayant décidé de beaucoup voyager au travers de l’Inde, nous avons choisi d’investir dans un Pass IndRail : 125$ à l’achat, il nous permet de prendre autant de trains que nous souhaitons pendant un mois. Notre budget étant tout de même assez limité, nous optons donc pour le pass seconde classe. « Oula, vous allez voyager en Sleeper Class alors (trains couchettes pour seconde classe) ?! Vous allez voir, c’est pas triste, les gens vous prennent votre place sans pitié, vous pourrez pas dormir … ». Soit, les pass sont déjà achetés, de toute façon on n’aurait pas pu y mettre plus…
Notre aventure avec les trains commence à la gare de Delhi alors que nous nous apprêtons à réserver nos premiers billets. Un peu paumées, nous nous adressons au bureau « May I help you ». Une « charmante » femme nous répond en grommelant sans même nous regarder : « remplissez cette fiche et faites la queue… » Nous nous exécutons, et, après environ une heure d’attente c’est enfin à notre tour. Un homme aussi aimable que sa collègue nous accueille : |
- C’est pas complet, il faut tout remplir. Allez au bureau « May I help you » !
- Mais…
- Allez, au suivant !
Gardons notre calme, cela ne sert à rien de s’énerver. Nous retournons au bureau pour connaître les horaires des trains. Toujours sans un regard, cette même femme nous accorde à peine une minute, nous récitant tous les horaires à toute vitesse, ne nous laissant même pas le temps de réfléchir. « Alors vous voulez lequel ? ». Après avoir noté les numéros des trois trains qui nous intéressaient, nous regagnons la queue. Devant nous, un homme s’adonne à un manège assez amusant mais qui, étant donné la situation, ne manque pas de nous agacer. Il bouge de file d’attente en file d’attente tout en s’énervant sur nous : « Je suis là, c’est ma place ! Allez vous en ! ». Après une deuxième heure de queue, nous retrouvons enfin notre cher ami, toujours aussi souriant, qui enregistre nos demandes sans dire un mot. C’est alors que je lève les yeux et que j’aperçois au dessus de sa tête une grande pancarte où sont inscrits ces quelques mots : « OUR MOTTO, SERVICE WITH SMILE, CUSTOMER’S SATISFACTION ». Sans commentaire !
Ensuite, vient le moment fatidique du fameux voyage en train. Une chose est bonne à savoir si l’on veut voyager en Inde, ici, les trains ne sont jamais à l’heure ; le plus grand retard que nous ayons connu : 5h de retard au départ… 11h à l’arrivée. On a bien failli rater notre correspondance, mais l’avantage c’est que ça nous a permis d’économiser une nuit d’hôtel !
Concernant le confort dans les trains, nous avons été surprises par la sleeper class : des couchettes pour le moins très confortables, de la place pour ranger les bagages et même des ventilateurs… que demander de plus ?! En plus, les voyages étant en général très longs, des vendeurs ambulants font des aller/retour durant tout le trajet nous ravitaillant à grands coups de samousas, biscuits, Chaï… enfin bref, de quoi passer un trajet sans jamais manquer de rien ! Le seul petit bémol est de se faire réveiller en pleine nuit par un homme hurlant « Chaï !Chaï ! Cha¨ ! ». Les voyages en train ont donc été pour nous particulièrement agréables, d’autant plus qu’à la fin, tout le monde dans le wagon se connaît : les gens défilent, s’arrêtent à toutes les places, discutent une demi-heure… et s’en vont voir quelqu’un d’autre. C’est donc un très bon moyen de faire des rencontres et c’est beaucoup plus convivial que n’importe quel voyage que nous avons fait en France !
Nous avons passé, durant tout notre périple en Inde, 112h dans les trains et notre plus long trajet duré trois jours (avec une correspondance de 3 heures).
Pour en revenir à notre projet, le droit des femmes étant une question très importante en Inde, il n‘est presque pas étonnant pour nous de découvrir une inscription, perdue entre les consignes de sécurité et autres interdictions de fumer : « Harassing women passenger is a punishble offense ». D’autre part, dans certains trains (courtes distances et trains locaux) les hommes et les femmes ne se mélangent pas : chacun dans son wagon. De même, dans certaines gares, il existe des salles d’attente réservées aux femmes. Rien qu’en se fiant aux transports en commun, on peu déjà en apprendre beaucoup sur le statut et la sécurité de la femme en Inde…  | Agra Profitant de deux jours de libres entre le health camp et Baghidhari, nous nous permettons une petite excursion touristique pour aller voir la plus grande fierté de l’Inde : le Taj Mahal. A peine sommes nous arrivées à la gare d’Agra qu’un rickshaw nous tend sa carte sous le nez : différents tarifs y sont inscrits dont plusieurs proposent une tournée des sites touristiques pendant une journée. Nous choisissons l’option la plus simple : « Déposez nous juste au Taj Mahal et c’est bon ! » Nous embarquons dans son auto joliment décorée et, pendant le cours du trajet qui nous mène à destination, il nous tend un petit cahier : « Tenez, lisez ça ». Des témoignages dans toutes les langues de clients satisfaits de ses talents de guide et de conducteur... Après quelque réflexion, nous choisissons de le suivre : nous n’avons qu’une journée pour visiter et pour 200 roupies, on ne se mouille pas trop. |
Après nous avoir fait ses recommandations sur les personnes à éviter (faux guides...) il nous laisse partir à la découverte du fameux édifice... Nous entrons donc dans les jardins et tombons sur cet immense bâtiment : c’est beau ! c’est grand !... mais on connaît déjà. Ce que nous avons devant nous, c’est comme la carte postale. Une photo qu’on a déja vue des centaines de fois. Bon, on ne va tout de même pas faire les fines bouches, il est vrai que c’est magnifique. Le Taj Mahal est un mausolée construit par l’empereur moghol Shâh Jahân en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Began, décédée en donnant naissance à leur quatorzième enfant. Sa construction aura duré plus de 10 ans et a mobilisé 20.000 personnes dont des maîtres artisans venus d’Europe et d’Asie centrale. Nous parcourons donc les allées des jardins, admirant sous toutes ses coutures le monument le plus célèbre de l’Inde... voire du monde ! Au cours de cette journée, nous avons été photographiées une bonne cinquantaine de fois, parfois avec tous les membres un à un d’une famille de 10 personnes... et même quand nous récupérons nos chaussures, des gens nous prennent par le cou pour que les parents ou amis les prennent en photo...
Nous retournons ensuite à la rencontre de Shabu, notre guide pour la journée quand un homme m’interpelle : « Eh ! Vous l’avez achetée où votre boucle d’oreille ?! Elle est belle ! Ca vous dérange pas si je recopie le modèle, je suis bijoutier ». Comme nous étions un peu en avance au rendez-vous, nous le suivons dans son magasin. Pendant qu’une personne recopie le design de ma boucle d’oreille, nous discutons avec les gérants de la bijouterie et leur faisons part de notre désir de nous rendre le lendemain à Jaïpur. « Si vous avez qu’une journée, ça sert à rien d’aller jusqu’à Jaipur, vous allez pas en profiter, allez plutôt à Bahatpur. C’est super sympa et c’est seulement à une heure en bus. » Notre chauffeur nous rejoint et après une petite discussion autour d’un Chaï, nous sortons de la boutique avec la promesse du vendeur de nous faire une bague si on revient le voir dans l’après midi. Nous nous dirigeons ensuite vers un restaurant, et là, Shabu nous met encore une fois en garde : « Faut pas leur faire confiance à eux, je les connais, c’est des beaux parleurs... la seule chose vraie qu’ils vous ont dite c’est à propos de Bahatpur. C’est très joli, il y a une sorte de jungle, ça vaut le coup. » Après mure réflexion, nous décidons donc de partir le soir même pour Bahatpur. « Si ça vous dit, je viens avec vous, j’aime beaucoup ce coin, ça pourrait être sympa ! » Adieu Jaipur, nous partons pour Bahatpur avec un rickshaw ! Avant de quitter le restaurant, nous sommes rejoint par Waseem, un ami de Shabu. « Si vous allez tous à Bahatpur, je viens avec vous, ça vous dérange pas ? Ca fait longtemps que je suis pas allé dans la jungle ». Soit. Nous passons finalement la fin de la journée à visiter Agra ainsi qu’un centre qui travaille le marbre exactement de la même façon que pour la construction du Taj Mahal, et dont le responsable nous dévoile tous les secrets de fabrication. Enfin, nous assistons au coucher de soleil sur le Taj Mahal, ce qui donne au marbre une douce couleur orangée... Nous prenons ensuite le bus direction Bahatpur. Le voyage étant un peu plus long que prévu à cause d’une déviation, nous arrivons assez tard mais trouvons tout de même assez facilement un hôtel. Nous passons la soirée dans une sorte de petit salon dans l’hôtel, mais, au bout d’un moment, il se trouve que nos deux compagnons de voyage commencent à se montrer très « proches » de nous et plutôt insistants... un simple « non » ne suffisant pas, nous préférons les laisser et nous retirer dans notre chambre...
Le lendemain matin, nous visitons le parc naturel, un mélange très curieux de jungle et de savane où vivent une quantité d’oiseaux impressionnante. Nous reprenons le bus en début d’après midi histoire d’avoir le temps de réserver nos billets de train pour pouvoir rentrer le soir même sur Delhi. Les formalités passées, il nous reste quelques heures à Agra avant de prendre notre train. Waseem nous propose de rendre visite à son cousin qui tient une bijouterie. Nous sommes accueillies par le fameux cousin, en costume sombre, les doigts pleins de bagues. Nous discutons quelque peu quand Waseem s’éclipse prétextant un besoin d’aller aux toilettes... la discussion tourne autour de notre voyage, de nos prochaines destinations quand notre interlocuteur nous demande :
- Vous avez un visa touristique n’est ce pas ? Vous allez en faire quoi quand vous allez quitter l’Inde ?
- Euh... rien... se contente-t-on de répondre
- Vous voulez pas vous faire de l’argent avec ?
- ???
A voir nos mines plus que perplexes, il enchaîne : « Je vais vous expliquer »
Et là, il nous sort un énorme classeur rempli de photocopies de passeports : « lui je vais le voir en Corée, elle je vais la voir au Japon... », énumère-t-il en tournant les pages une à une.
Il finit par nous sortir une théorie extravagante avec plein de chiffres, des marges, des plafonds de l’OMC... pour conclure par :
- Donc ce qu’on fait, vous transportez pour moi 2500 euros de bijoux, je les récupère au Japon et je vous donne 1250 euros !
- ?!?!? Euh... non merci c’est pas pour nous ce genre de truc.
- Non mais ne vous inquiétez pas, je fais le paquet devant vous, vous voyez exactement ce que je mets dedans.
- Non non !
- Bon... votre ami vous attend dehors.
Nous sortons rejoindre nos deux acolytes magouilleurs et prenons la direction de la gare... en rigolant avec eux sur tout ce qu’ils ont essayé avec nous et qui n’a pas marché. Mauvaise pioche, allez les gars, on se quitte sans rancune !
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