Des vitrines du Red Light District

Le Red Light District

Malgré le peu de temps à notre disposition aux Pays-Bas (étant donné le travail qu’il nous fallait mettre à jour...),  nous avons décidé qu’il était important de consacrer une partie de notre temps pour aborder le thème de la légalisation de la prostitution et du fonctionnement du Red Light District. Nous lisons tous les rapports et témoignages que nous trouvons sur le sujet et en discutons bien entendu avec tous les hollandais que nous rencontrons, ce qui nous permet d’en apprendre plus sur l’opinion de ceux-ci à l’égard de cette loi.

De tous ceux que nous avons rencontré, l’opinion semble être plus ou moins la même :

« De toute façon, la prostitution a toujours existé et existera toujours, on ne peux pas la supprimer. Alors plutôt que de fermer les yeux et de laisser les femmes (et parfois hommes) se prostituer en cachette, de laisser les macros les exploiter et les clients les frapper, autant leur offrir un vrai statut, leur donner accès à la sécurité sociale, à la santé, et leur permettre de s’intégrer dans la société. »

« Il est vrai que prostituée n’est pas un métier qu’on rêve de faire, mais ça reste un métier comme un autre malgré tout. Ce n’est pas un travail facile, mais c’est comme beaucoup d’autres métiers : travail à la chaîne, balayeur,...c’est le même genre d’exploitation. Qui souhaiterait un tel travail pour ses enfants ? Il n’empêche qu’il faut bien gagner sa vie. »

De tels arguments semblent tenir la route, mais nous voulons en savoir plus, aller plus loin, car nous restons malgré tout insatisfaites d’une telle réponse...Peut-on vraiment dire que la prostitution est un travail comme un autre ? Nous avons lu un article parlant de la situation en Allemagne. Là-bas, la prostitution est légalisée, elle est considérée comme un travail comme un autre. Ainsi, lorsque quelqu’une femme s’inscrit à l’équivalent de l’ANPE, elle se voit très souvent proposer un poste de « travailleuse du sexe ». Si celle-ci refuse, elle peut se voir retirer ses allocations chômage, car il s’agit d’un refus d’offre d’emploi. Une telle situation nous semble aberrante et a  choqué tous ceux à qui nous en avons parlé. Alors, si cela nous fait tous réagir ainsi, peut-on donc vraiment parler d’un travail comme un autre ? La prostitution est-elle vraiment comme n’importe quel travail physique difficile ou un travail stressant? Il nous semble pourtant qu’un tel « métier » peut avoir des répercutions physiques et morales bien au-delà de n’importe quel autre métier.

De plus, l’argument « la prostitution a toujours existé et existera toujours. Même si on l’interdit, il y aura toujours des consommateurs et donc des femmes qui se prostitueront, il vaut donc mieux faire avec et régulariser tout cela » est-il vraiment un bon argument ? On pourrait en effet utiliser le même pour justifier bon nombre de choses...
Mais surtout, nous voulons savoir si le statut des prostituées s’est vraiment amélioré grâce à une telle loi : le trafic humain a-t-il diminué ? Les prostituées sont-elles indépendantes ou encore soumises à des macros ? Leur santé, en particulier en ce qui concerne le sida, s’est-elle améliorée ? Et qu’en est-il de leur intégration dans la société ?
Nous avons donc décidé de réaliser des interviews de membres d’associations travaillant auprès des prostituées pour essayer de répondre à ces questions ou du moins d’aider à y réfléchir, et poursuivront ce travail en République Tchèque, où la loi est différente, afin de comparer les points de vue.
Nous avons donc décidé de rencontrer 3 associations : PIC, Die Rode Draad et Blinn.
PIC est une association assez originale...Constituée d’anciennes prostituées exclusivement, elle a pour but d’aider les prostituées en les informant sur leur statut, la santé, en leur prodiguant des conseils et en défendant leurs droits. Elle a également pour objectif d’informer les clients et touristes sur le Red Light District, mission qu’elle remplit par des conférences, par le magasin qu’elles tiennent et où elles accueillent les visiteurs et par les visites du Red Light District qu’elles organisent. Nous avons donc interviewé Mariska et Petra, deux membres de l’association, pour connaître leur avis sur la légalisation.
Pour les deux autres associations, nos rencontres ont malheureusement été plus compliquées. Die Roode Draad, un syndicat de prostitués, reçoit beaucoup de demande d’interviews et fait par conséquent payer les rendez-vous...Ce qui nous a un peu arrêtées dans notre démarche ! Enfin, Blinn est une association de lutte contre le trafic humain. En ce qui concerne cette autre association, nous sommes déçues de ne pas avoir pu les rencontrer car ils souhaitaient nous rencontrer mais étaient débordés de travail pendant le peu de jours qu’il nous restaient à Amsterdam. Ils ont malgré tout accepté de répondre à nos questions par mail mais nous n’avons pas encore obtenu de réponse à ce jour...

Nous restons donc un peu sur notre faim, déçues de ne pas avoir pu pousser plus loin nos investigations. Nous avons en effet encore de nombreuses interrogations. Espérons que nos rencontres à venir, notamment en République Tchèque, nous ferons avancer ! En tout cas, à la fin de ce séjour à Amsterdam, nous devons bien l’avouer...Si au début nous étions mal à l’aise à chacun de nos passages dans le Red Light District, nous avons finalement  comme tout le monde réussi à nous habituer, remarquant à peine les prostituées usant de leur charme dans les vitrines bordant notre auberge de jeunesse...

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