Femmes manouches
(République Tchèque, association Slovo 21)

Slovo 21

Slovo 21 est une ONG qui fut fondée à Prague en 1999 qui vise à l’intégration des populations d’immigrants. Elle lutte contre le racisme, la xénophobie, diffuse les valeurs des droits de l’Homme et éduque à la tolérance vis-à-vis des minorités ethniques en particuliers les Rroms.


Dans ce cadre, elle a lancé en 2000 le groupe “Femmes Manouches” autour des thèmes de développement « éducation, confiance en soi et émancipation ». Celui-ci a donné lieu à plusieurs projets dans les domaines suivants :
- Aide à l’entreprenariat
- Formations (informatiques, langues)
- Education à leurs droits, reflexion sur la place de la femme dans la culture Rroms, 
- Santé (campagnes de mamographie, lutte pour l’accès aux soins, etc.)

Slovo 21 travaille avec les immigrés, en particulier les Rroms. Le projet « femmes manouches » n’est pas un projet indépendant mais rattaché à cette association.
Comment fonctionne la structure ?
Elle est composée exclusivement de salariés. Elle se finance grâce à des subventions, notamment de l’Etat. En effet, l’Etat alloue des subventions pour l’intégration des immigrants légaux. Ainsi, les femmes manouches qui sont aidées sont en République Tchèque dans un cadre légal, ce ne sont pas des clandestines. 
Quel est l’objectif de l’association ?
L’association, crée en 2000, a pour but d’intégrer les immigrants légaux en République Tchèque.
Quel est l’objectif du projet « femmes manouches » ?
Il s’agit de favoriser l’émancipation de la femme rrom, et de favoriser son intégration. Nous voulons leur faire comprendre que c’est à elle de se battre pour leurs droits, car personne ne le fera à leur place. Si la personne qui subit une discrimination ne la dénonce pas, si elle se tait, alors personne ne va l’aider. Cela est valable pour tout : si une femme subit des violences domestiques et qu’elle ne dit rien, alors personne ne va venir à son secours. C’est comme si quelqu’un vous agressait dans la rue et que vous ne criiez pas, personne ne réagirait. 
-Oui, mais même si tu crie, les gens ne viendront pas t’aider
-Peut-être la première fois, et peut-être la deuxième et la troisième, mais il est possible qu’à la quatrième fois quelqu’un appelle la police. 
Et quelles actions mettez vous en place pour y parvenir?
Il s’agit essentiellement d’actions d’éducation, sous forme de formations, séminaires, summer school ou encore ateliers. Il s’agit d’une part de leur donner des compétences (informatique, cours d’anglais,..), d’autre part de les informer sur leur droits, sur la santé... Nous avons aussi des projets un peu différents, comme le projet que nous avons lancé en 2004 en partenariat avec la mairie : une campagne de sensibilisation sur l’égalité des genres. Il était question d’échanger des expériences, des informations, mais avant tout de faire prendre conscience d’un certain nombre de choses. 
Combien de femmes sont touchées par ce projet?
Celui-ci rassemble près de 60 femmes membres, mais ensuite le nombre varie selon les actions, qui peuvent réunir parfois jusqu’à 500 personnes.
Avez-vous remarqué des résultats ? 
En ce qui concerne les femmes de notre communauté, oui. Au début, on les incitait par exemple à prendre du temps pour elles-mêmes, à sortir par exemple de temps en temps et c’était difficile. Et puis c’est venu avec le temps. Elles ont également pris conscience que c’était à elles de se battre pour leurs droits. Par exemple, il y en a une qui est allée avec une caméra cachée à une offre d’emploi. On lui a répondu qu’il n’y avait pas de travail, alors qu’elle savait qu’il y en avait. Une amie à elle, blanche, y est allée ensuite, et elle a eu le travail. Elle a donc pu prouver qu’il y avait eu discrimination et l’employeur a été inculpé. 
Et en ce qui concerne la mentalité des Tchèques en général ? Avez-vous remarqué des changements depuis vos actions ?
Non, absolument pas. Enfin, je pense que les choses changent en ce qui concerne les nouvelles générations. Pour ceux qui ont la soixantaine, c’est-à-dire ceux qui décident actuellement, je crois qu’il est trop tard pour les faire changer de mentalité. C’est pour cela que nous ravaillons plus avec la jeune génération, notamment avec les étudiants de la « Faculty of Humanities ». Ce sont eux les futurs décideurs. 

Jelena Silajd¸ic

Jelena Silajdzic , cinéaste (notamment directrice de production du film Le Temps de Gitans), a fuit son Sarajevo natal pour la République Tchèque avec son mari et ses deux enfants alors que la ville bosniaque était assiégée. A Prague, elle a organisé des événements culturels pour sensibiliser à la question des réfugiés, pour promouvoir la tolérance envers les minorités et renforcer les relations entre la société tchèque et les pays d’ex-Yougoslavie. En 1999, elle a créé Slovo 21, cette association dédiée à la lutte contre le racisme et à la promotion de la tolérance envers les minorités – en particulier les Rroms.  

Jelena Silajdzic a reçu en 2000, pour son engagement, la médaille Nansen, décernée par le Haut Commissaire aux Réfugiés des Nations Unies. 

Martina Horvathova

Martina Horvathova est coordinatrice de projet pour l'association Slovo21. 

Interview de Jelena Silajd¸ic et Martina Horvathova

Slovo 21 travaille avec les immigrés, en particulier les Rroms. Le projet « femmes manouches » est  un projet rattaché à cette association.

Comment fonctionne la structure ?

Elle est composée exclusivement de salariés. Elle se finance grâce à des subventions, notamment de l’Etat. En effet, l’Etat alloue des subventions pour l’intégration des immigrants légaux. Ainsi, les femmes manouches qui sont aidées vivent en République Tchèque dans un cadre légal, ce ne sont pas des clandestines. 

Quel est l’objectif de l’association ?

L’association, crée en 2000, a pour but d’intégrer les immigrants légaux en République Tchèque.

Quel est l’objectif du projet « femmes manouches » ?

Il s’agit de favoriser l’émancipation de la femme rrom, et de favoriser son intégration. Nous voulons leur faire comprendre que c’est à elle de se battre pour leurs droits, car personne ne le fera à leur place. Si la personne qui subit une discrimination ne la dénonce pas, si elle se tait, alors personne ne va l’aider. Cela est valable pour tout : si une femme subit des violences domestiques et qu’elle ne dit rien, alors personne ne va venir à son secours. C’est comme si quelqu’un vous agressait dans la rue et que vous ne criiez pas, personne ne réagirait. 
- Oui, mais même si tu crie, les gens ne viendront pas t’aider
- Peut-être la première fois, et peut-être la deuxième et la troisième, mais il est possible qu’à la quatrième fois quelqu’un appelle la police. 

Et quelles actions mettez vous en place pour y parvenir?

Il s’agit essentiellement d’actions d’éducation, sous forme de formations, séminaires, summer school ou encore ateliers. Il s’agit d’une part de leur donner des compétences (informatique, cours d’anglais,..), d’autre part de les informer sur leur droits, sur la santé... Nous avons aussi des projets un peu différents, comme le projet que nous avons lancé en 2004 en partenariat avec la mairie : une campagne de sensibilisation sur l’égalité des genres. Il était question d’échanger des expériences, des informations, mais avant tout de faire prendre conscience d’un certain nombre de choses. 

Combien de femmes sont touchées par ce projet?

Celui-ci rassemble près de 60 femmes membres, mais ensuite le nombre varie selon les actions, qui peuvent réunir parfois jusqu’à 500 personnes.

Avez-vous remarqué des résultats ? 

En ce qui concerne les femmes de notre communauté, oui. Au début, on les incitait par exemple à prendre du temps pour elles-mêmes, à sortir par exemple de temps en temps et c’était difficile. Et puis c’est venu avec le temps. Elles ont également pris conscience que c’était à elles de se battre pour leurs droits. Par exemple, il y en a une qui est allée avec une caméra cachée à une offre d’emploi. On lui a répondu qu’il n’y avait pas de travail, alors qu’elle savait qu’il y en avait. Une amie à elle, blanche, y est allée ensuite, et elle a eu le travail. Elle a donc pu prouver qu’il y avait eu discrimination et l’employeur a été inculpé. 

Et en ce qui concerne la mentalité des Tchèques en général ? Avez-vous remarqué des changements depuis vos actions ?

Non, absolument pas. Enfin, je pense que les choses changent en ce qui concerne les nouvelles générations. Pour ceux qui ont la soixantaine, c’est-à-dire ceux qui décident actuellement, je crois qu’il est trop tard pour les faire changer de mentalité. C’est pour cela que nous travaillons plus avec la jeune génération, notamment avec les étudiants de la « Faculty of Humanities ». Ce sont eux les futurs décideurs. 

Vaincre les préjugés et allier tradition et respect des femmes : 
le défi des femmes rromes en République-Tchèque

 

Qui sont véritablement les Rroms ?

Tziganes, bohémiens, manouches, gitans, Rroms, et bien d’autres appellations encore désignent ce peuple. Bien que sa tradition soit principalement orale,  divers écrits historiques permettent indiquent que les Rroms seraient d'origine indienne. Les linguistes considèrent également cette hypothèse comme la plus probable. Originaires de l’Inde, les Rroms auraient du s’exiler vers l’an 900 sur les ordres du roi afin de divertir le roi de Perse par leurs talents musicaux. A partir de ce premier exil, ils durent ensuite s’exiler de pays en pays. Les variantes changent, certains affirmant qu’ils ont été faits esclaves par les armées turques, d’autres qu’ils ont été recrutés par l’armée pour résister à l’expansion musulmane. Quoi qu’il en soit, les Rroms ont migré, s’éparpillant peu à peu en Europe puis à travers le monde. Ainsi divisés, leur culture a quelque peu évolué différemment selon les régions dans lesquelles ils vivaient : certains ont été convertis à l’Islam, d’autres au catholicisme, certains ont subi les influences latines et d’autres plus orientales. Chose assez remarquable, c’est la faculté qu’ont eue les Rroms à préserver leur culture en dépit des tentatives d’assimilation et d’éradication de celle-ci. On le sait très peu, mais les Rroms ont été au même titre que les juifs la cible des nazis, entre 50 000 et 80 000 d’entre eux étant morts dans les camps d’extermination pendant la seconde guerre mondiale. Les communistes ont ensuite pris le relais, dans les pays de l’Est, en tentant de les assimiler en interdisant les manifestations de leur culture.  

Bien qu’interdite par la loi, dans les faits la discrimination envers les tziganes reste bel et bien présente.

« Les Tchèques ne sont pas tolérants envers nous. Pour eux, être intégré en République Tchèque signifie devenir « normal », être comme eux, c’est-à-dire renoncer à notre culture. Ce n’est pas ça la tolérance ! », Martina Horvathova

Beaucoup croient que tous les Rroms sont nomades. En réalité, en République Tchèque, 99,5% d’entre eux sont sédentaires. Et malgré tout, ils rencontrent les mêmes difficultés d’intégration qu’en France. L’accès à l’éducation, au marché du travail et même aux soins leur est très difficile. 

Une triple discrimination pour les femmes

« Les femmes rromes subissent une triple discrimination : la première en tant que membre d’une minorité, la seconde en tant que femme en République Tchèque et la troisième en tant que femme au sein de leur propre communauté », comme nous l’explique la fondatrice de l’association Slovo 21, à Prague. 

Une forte vulnérabilité des femmes tziganes à la violence

Les femmes tziganes sont particulièrement vulnérables à la violence et se trouvent confrontées à un grand nombre de problèmes lorsqu’elles souhaitent faire appel à la justice. En effet, la plupart des conflits qui interviennent au sein de la communauté rrome sont réglés au sein de tribunaux informels, appelés kris. Or, ceux-ci ne cherchent que peu à s’immiscer dans les affaires de famille, et bien souvent la peine infligée pour violence domestique se résume à une simple amende.

De même, la discrimination et la violence dont font preuve la police à l’égard des femmes rromes les dissuadent souvent de porter plainte auprès de la police. 

Un accès restreint à la santé

Les Roms, et plus spécialement les femmes,  font l’objet de diverses formes de discrimination les empêchant d’accéder aux soins de santé, notamment le refus d’un certain nombre de généralistes ou services d’urgence de les recevoir.  En outre, leur communauté néglige les questions de santé des femmes. Ainsi, les femmes rromes elles-mêmes ne voient pas l’intérêt des soins préventifs et de la planification familiale. Cela se traduit en partie par les taux de fécondité et d’avortements élevés.  

 

Les cas de stérilisations forcées de femmes Rroms

"A partir des années 1970, la stérilisation des femmes roms est devenue une pratique courante en Tchécoslovaquie sous le régime communiste. Bien que cette politique ait été officiellement abandonnée après la chute du régime, la stérilisation forcée de femmes roms (sans leur consentement éclairé) s’est poursuivie bien après l’an 2000, en République slovaque comme en République tchèque. Malgré les mesures prises par les gouvernements et les décisions judiciaires rendues (notamment en République tchèque) à la suite des recommandations des ONG, des groupes de victimes et des mécanismes de défense des droits de l’homme, les victimes de stérilisation forcée n’ont pas toutes reçu des excuses, et parmi elles très peu ont obtenu réparation. Il n’est d’ailleurs pas exclu que la pratique perdure encore aujourd’hui, dans des cas isolés." (Assemblée parlementaire européenne)

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