Ressources sur le thème:
La prostitution en question
(Pays-Bas et République Tchèque, associations PIC, Srada CZ et Bliss without risk)

Bliss without risk
Voir le site Internet de l’ONG    

 

Bliss without risk (Roskos Bez Risika) est une ONG qui a été créer en 1992. Pourquoi ? A cause du boom de la prostitution qui a éclaté après la révolution de velours de 1989. De nombreuses jeunes filles et femmes, qui n’avaient alors aucune expérience professionnelle, ont été entrainées dans le réseau de la prostitution, avec donc un fort risque de contamination au virus HIV. 
Le principal but de cette ONG est d’assurer auprès des travailleuses du sexe  la prévention HIV/Sida, le diagnostic et le traitement des MST.  Elle propose également un soutien psychologique et organise chaque année une pièce de théâtre avec les bénéficiaires de l’association. Une des activités principale de Bless without risk est le travail de terrain avec le bus équipé qui fait la nuit des rondes dans les rues de Prague où les prostitutions sont présentes.

Voir un article sur les pièces de théâtre réalisées par l’ONG (en anglais)     

Bliss without risks – pres
Interview
La Strada – pres
PIC – pres
Interview Petra Timmerman
Petra Timmerman  I'm a clerk and guide for De Wallenwinkel's Prostitute Information Center, an information center for sex workers, clients and people interested in Amsterdam's sex industry. I'm also the coordinator for the International Committee on the Rights of Sex Workers in Europe.
Ressources
Etude norvégienne conduite en 2004 visant à recueillir les pour et les contre des politiques suédoise et hollandaises. ( pdf en anglais)
http://www.regjeringen.no/upload/kilde/jd/rap/2004/0034/ddd/pdfv/232216-purchasing_sexual_services_in_sweden_and_the_nederlands.pdf
Video sur le Red Light District
IMP / PRESS
Video sur le traffic humain à Amsterdam : Sex Trafficking in the Netherlands (en anglais) 
(avec interview de Mariska Major, fondatrice du PIC)
Mariska Major, dans une interview, confie que ce qui était dur pour elle, c’était que les gens la regardent systématiquement comme une victime, avec de la pitié dans les yeux, et cela la faisait se sentir petite. 
Vidéo : Adventure in Europe
interview de Mariska Major et présentation du red light district (en anglais)
« Les gens n’arrivent pas à s’imaginer que certaines personnes ont pu faire le choix conscient de se prostituer. Mais bien sûr, il y a aussi des femmes victimes de trafic. Pour les femmes qui sont en vitrines, le propriétaire de la vitrine n’est pas son patron, il possède simplement le lieu. Et personne n’a moyen de savoir si vous avez quelqu’un qui vous attend chez vous pour récupérer votre argent. C’est une position très vulnérable. Cette question est très difficile. Je sais que la majorité des femmes  qui travaillent dans les vitrines sont là par choix. Et elles trouvent cela très difficile que beaucoup de personnes les regardent comme des victimes potentielles du trafic. Il est plus facile de lutter contre le trafic quand la prostitution est légale que quand elle est illégale. Et en tant que travailleuse du sexe, vous vous sentez beaucoup plus en sécurité quand c’est légal que lorsque vous fuyez la police car  vous faites quelque chose d’illégal. » 
Témoignages
De nombreux témoignages de prostituées recueillis par le Mouvement du Nid
http://www.prostitutionetsociete.fr/temoignages

Interview de Petra HAMERNIKOVA
(à gauche sur la photo)

Quelles sont les actions de l’association ?

 

L’association Bliss Whithtout Risk travaille auprès des prostituées et leur apporte un certain nombre d’aides, en particulier dans le domaine médical. Dans nos locaux, nous disposons d’une salle d’accueil, d’une salle d’auscultation (ainsi que d’une douche pour celles qui vivent dans la rue). Nous leur faisons des consultations gynécologiques, leur faisons subir des tests (HIV, syphilis, bactéries diverses), mais aussi leur apportons une aide sociale. En effet, un jour par semaine elles peuvent venir pour parler de leur problèmes de logements, d’assurance...beaucoup d’entre elles ne paient aucune cotisation et n’ont pas d’assurance...elles viennent donc nous voir régulièrement pour que nous les conseillions. 

Pour celles qui n’ont pas d’argent et n’ont pas d’assurance, les tests sont complètement gratuits. Pour celles qui ont une assurance, elles paient mais les tests sont remboursés. Par contre, celles qui travaillent dans les clubs gagnent de l’argent, et on leur demande donc de payer une partie des tests. Cela représente 800 couronnes sur un montant total de 3000 couronnes.

Nous leur proposons également un certain nombre d’activités complètement gratuites, comme la création de bijoux, de théâtre. Nous jouons en effet des pièces de théâtre qui regroupent des prostituées et des personnes de l’association. A ce sujet, nous avons décidé de lancer cette activité car un grand nombre des prostituées que nous aidions avaient des problèmes de drogue. Or, nous avons remarqué qu’à certains égards, le jeu sur scène pouvait procurer des sensations plus fortes que la drogue, et générer en plus un sentiment de fierté.  

Votre association a-t-elle des projets de développement? 

Nous sommes la seule association à apporter ce type d’aide auprès des prostituées. Nous avons deux bureaux, à Prague et à Brno. Les prostituées qui sont dans les environs peuvent venir directement dans nos bureaux, mais pour les autres ce n’est pas possible, soit pour des problèmes d’argent, soit parce que leur macro ne veut pas les laisser y aller. Nous avons donc décidé il y a quelques années de créer des équipes spéciales pour se rendre dans les autres régions de République Tchèque, là où les prostituées sont les plus présentes, afin de leur proposer nos services. Nous avons reçu des subventions du ministère pour financer ces équipes, mais le ministère a décidé l’année passée de ne pas reconduire la subvention. Nous avons toutefois réussi à trouver d’autres sources de financement. Pour cette année, nous allons devoir de nouveau chercher des aides pour financer ces équipes. 

Comment s’organise votre structure?

L’association a maintenant les moyens de payer les personnes qui travaillent pour elle. Elle fonctionne donc désormais avec des salariés : Hana, la présidente, un administrateur, une nurse, des personnes à mi-temps pour le travail de terrain et enfin moi. 

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre l’association?

Je voulais travailler auprès des femmes. Or je ne connaissais personne qui n’avait une mauvaise opinion ou des a priori sur les prostituées...alors j’ai eu envie de travailler avec elles. Moi je ne pense aucun mal d’elles, ce sont mes filles ! 

Depuis combien de temps faites vous partie de Roskos ?

J’ai rejoins l’association il y a quatre ans. Au début j’ai travaillé pour l’association en tant que volontaire pendant deux ans. Il m’a fallu trouver un autre travail, et je travaillais pour l’association pendant mes temps libres. Et puis finalement ils ont pu me payer et je suis rentrée en tant que salariée de l’association. 

Quel est votre travail quotidien?

Mon travail consiste en plusieurs activités : deux jours de la semaine, je travaille avec les clientes, et deux soirées je pars effectuer du travail de terrain, c’est-à-dire à leur rencontre. Le reste de mon temps est partagé entre des rencontres avec les organisations et structures partenaires, la recherche de financements pour nos différents projets, du travail administratif et la préparation des différentes activités que nous organisons avec nos clientes. En fait, ici, tout le monde est assez polyvalent. Lorsqu’il y a quelque chose à faire, alors nous le faisons ! 

Est-ce que les prostituées viennent de leur propre gré à Roskos? Devez-vous les convaincre de venir? 

Deux fois par semaine, nous allons à la rencontre des prostituées. C’est lors de ce travail de terrain que nous « recrutons » de nouvelles clientes. Ensuite, nous avons un grand nombre de clientes stables, qui viennent régulièrement au bureau. Nous en connaissons certaines depuis près de 7 ans ! 

Quelles sont les nationalités des prostituées en général ?

En premier ce sont les Tchèques, ensuite les Slovaques, puis les Ukrainiennes, Russes et ensuite Bulgares.

Comment parvenez-vous à approcher les prostituées? Est-ce qu’il est difficile pour vous d’établir cette relation de confiance nécessaire pour une telle activité ?

Au début notre travail de terrain était très difficile, car personne ne nous connaissait... maintenant, même si une des filles ne nous connaît pas, elle entend au moins parler de nous. Nous commençons en effet à être très connus, cela fait 15 ans que nous existons et nous sommes de plus les seuls à proposer ce genre d’aide.

Lorsque l’on va dans les clubs, il nous faut passer le portier...on lui explique que nous venons réaliser des tests médicaux pour les prostituées, que tout est gratuit, et que nous allons leur donner des choses gratuites, comme des préservatifs. A ce moment là, il prévient le chef et les filles, et si ceux-ci sont d’accord alors on nous laisse rentrer. Après, on travaille en tête à tête avec nos patientes, ce qui nous permet d’aborder des choses intimes. 

Que sont ces clubs dont vous nous parlez ? Sont-ils légaux ?

En République Tchèque, la prostitution est légale, mais le proxénétisme est illégal. Pourtant, vous pouvez trouver de nombreux clubs où l’on peut trouver des prostituées. Mais les proxénètes s’arrangent pour faire passer leur club pour un établissement légal. Ils sont plusieurs techniques : soit ils disent qu’il s’agit d’un pub avec un hôtel. Ils affirment alors louer les chambres aux femmes. Après, ce qu’elles y font à l’intérieur, c’est leur affaire à elle. Sinon, ils disent aussi que le bas est le bar, et que les étages sont sa résidence personnelle qu’il prête à des amis. Et, encore une fois, ce que font ses amis les regarde...Tout le monde sait que ces clubs existent, mais personne ne fait rien.

Etes-vous souvent confrontés à des cas de trafic humain ? En avez-vous découvert ?

Oui, cela nous arrive. Cette année nous avons identifié 3 cas de femmes victimes de trafic. Il y a en République Tchèque un programme spécifique de lutte contre le trafic humain. Les femmes victimes de trafic peuvent en bénéficier, à la condition de sortir définitivement de la prostitution. Ce programme leur permet notamment d’obtenir un visa de longue durée.

Avez-vous des nouvelles de ces 3 femmes ?

Oui, l’une d’entre elle vient de se marier et d’avoir un enfant ! Une autre s’est trouvé un petit ami, un allemand. En ce qui concerne la dernière, elle est HIV positif. Elle a décidé de rentrer en Ukraine, car elle a un enfant là-bas. Une ONG va la prendre en charge sur place et l’aider pour ses soins. 

Luttez-vous vous-même contre le trafic humain ?

Cela nous arrive. En fait, à une période nous avons même reçu de l’argent de la part de l’Etat pour lutter contre trafic... 

 ...et comment arrivez vous à repérer les femmes victimes de trafic ?

Cela n’est pas évident. En fait nous avions, dans le cadre de ce programme, un certain nombre de question à poser. Elles étaient très nombreuses, il était bien évidemment impossible de toutes les poser...mais nous en posions quelques unes et cela nous aidait à les repérer. Il s’agissait par exemple de leur demander si elles pouvaient s’acheter des préservatifs, des médicaments...si elles nous répondaient non, alors on savait qu’elles n’avaient pas d’argent et que leur proxénète leur prenait tout. 

Mais la question de lutter contre le trafic est un d’un véritable dilemme pour nous. 

En effet, il s’agit là bien sûr d’un point très important...mais ce n’est pas notre travail. Si les proxénètes viennent à apprendre que nous travaillons dans la lutte anti-trafic, alors ils ne nous ouvrerons plus la porte, et c’est la santé des prostituées qui est alors en jeu. Et nous nous mettons par la même occasion en danger. Nous ne pouvons donc le faire que de façon très discrète. 

Pour en revenir aux services médicaux que vous fournissez...les prostituées n’ont-elles pas d’autre moyen de passer des tests HIV gratuitement ? En France par exemple, nous avons des tests HIV gratuit et anonymes pour ceux qui en ont besoin.

Non, ce genre de système n’existe pas ici. Pour subir des tests HIV, il faut se rendre chez un gynécologue privé. Le problème, c’est que pour avoir ces tests, il faut en faire la demande...pour celles qui ne sont pas informées des risques de contamination, il est certain qu’elles ne feront jamais cette demande ! Et pour celles qui en sont informées, il faut qu’elles expliquent les raisons pour lesquelles elle est en situation à risque et qu’elles réitèrent la demande tous les 3 mois. Les gynécologues se doutent alors qu’elles sont des prostituées et refusent de les prendre en consultation...Il n’y a vraiment qu’ici qu’elles peuvent être suivies régulièrement sans être jugées. 

De plus, beaucoup sont étrangères et n’ont que leur assurance voyage. Leurs frais médicaux ne sont pas remboursés, or tous les tests sont très chers. En fait, il n’y a que lorsqu’elles tombent gravement malades qu’elles peuvent être prises en charge...mais à ce moment là, elles risquent de mourir...

Y en a t-il beaucoup qui vont ont rapporté des cas de clients qui leur ont demandé d'avoir un rapport sans préservatif ? 

Oui, en fait, je crois même que tous ont plus ou moins déjà essayé. Les plus courants sont les anglais, qui viennent passer un week-end à Prague pour fêter leur enterrement de vie de garçon. Prague est connue pour avoir « de la bière et des filles pas chères »...Au moment de l’acte, les clients ne sont pas conscient des risques qu’ils prennent et ne pensent qu’au plaisir. De temps en temps après coup ils commencent à réfléchir et prennent peur. A ce moment là certains nous appellent ou viennent carrément au bureau.

...et vous les aidez ? 

Nous ne pouvons que leur donner des contacts, car nous nous occupons uniquement des prostituées. Nous essayons tout de même de les sensibiliser sur les risques qu’ils prennent, et leur donnons des conseils pour avoir des rapports plus sains.  

Les prostituées ont-elles tendance à accepter lorsque le client demande un rapport sans préservatif, surtout s’il propose plus d’argent ?

Je dirai que 80% d’entre elles diront toujours non. Par contre, 20% d’entre elles diront certainement oui, surtout s’il propose plus d’argent. Ce sont les droguées, qui sont dans la rue, mais aussi les ukrainiennes et les russes dans les clubs. 

Cela représente quand même un nombre considérable...ne pensez-vous pas qu’il faudrait également faire de la prévention client ?

Si, justement. Nous avons conçu une plaquette à leur intention, que nous remettons systématiquement aux prostituées. Celles-ci peuvent ainsi faire notre relais pour assurer la prévention auprès des clients.

Sinon, encouragez-vous les prostituées à changer d'activité?

Cela dépend. En fait, si nous sentons que la prostituée souhaite continuer à se prostituer, nous n’abordons pas le sujet. Si nous essayons de la dissuader, nous savons qu’elle ne reviendra plus se présenter à Roskos. Par contre, si elle nous laisse apparaître une envie de changer, si elle nous fait sentir que si elle en avait la possibilité, elle changerait de travail...alors nous l’y aidons. Nous leur donnons quelques cours : comment rechercher sur Internet une offre d’emploi, comment se présenter à un entretien...nous les aidons aussi à rédiger leur CV.

La question du choix de la prostituée est souvent soulevée. En effet, s’il y a un véritable choix de la part de la prostituée, alors celle-ci ne peut et ne doit pas être considérée comme une victime. Pensez-vous que ce choix soit présent ? A quelle fréquence ? 

Je pense que bien souvent ce n’est pas un choix de la part des prostituées. Du moment qu’elles le font parce que quelqu’un leur a dit de le faire, parce qu’elles n’ont pas d’argent, pas d’autre moyen de travailler...alors pour moi ce n’est pas un vrai choix. Par contre, il y en a à mon avis qui choisissent vraiment ce travail. En ce qui me concerne, je n’en ai encore rencontrée qu’une seule. Elle m’a avoué qu’elle avait tellement besoin de sexe qu’elle voulait faire travail ! 

Considérez-vous que la prostitution soit un travail comme un autre?

Non, je ne pense pas que ce soit une vraie profession. En Allemagne, ils ont mis en place une loi qui considère la prostitution comme n’importe quel autre travail. Ainsi, lorsque que vous vous rendez dans une agence d’intérim, ils vous proposent de devenir une prostituée (ndlr : au risque, en cas de refus, de se voir retirer les allocations chômage). Je ne pense pas que ce soit normal. Mais je ne suis pas non plus pour la prohibition de la prostitution, je ne crois vraiment pas que cela soit une solution. 

La Suède et les Pays-Bas, qui ont mis en place des lois opposées sur la prostitution, sont souvent cités comme exemples. Que pensez-vous des ces deux « modèles » ?

Je pense que ni l’un ni l’autre ne sont véritablement bons. En fait, ce qu’il faudrait, c’est quelque chose entre les deux. En Suède, ils ont décidé de punir les clients...mais en fait les résultats montrent que cela s’avère plus dangereux pour les prostituées. En effet, quand les clients risquent d’être pris, ils sont plus inquiets, préoccupés pour eux même et ont tendance à devenir plus violents. Les prostituées ont alors plus de risques de se faire frapper. Quant au modèle Néérlandais...je ne crois pas non plus que ce soit une bonne solution de libéraliser ainsi la prostitution. En tout cas je pense qu’on ne peut pas importer une loi...une loi doit être adaptée à chaque pays. En République Tchèque, on ne pourrait pas faire une loi de légalisation comme celle des Pays-Bas. 

Et que pensez-vous de la loi actuelle en République Tchèque ? 

En fait, l’Etat est en train de préparer une nouvelle loi, mais celle-ci n’est pas bonne. En effet, elle prévoit que chaque prostituée aille se faire inscrire en tant que telle, et se voit attribuer une carte pour avoir le droit d’exercer. Mais les prostituées ne souhaitent pas que leurs activités soient révélées ainsi, elles veulent que cela reste secret. Elles auront aussi l’obligation de se rendre régulièrement chez un gynécologue. Si celui-ci détecte la moindre bactérie, même si celle-ci n’est dangereuse ni pour elle, ni pour le client, alors il lui interdira de travailler. Ici en République Tchèque nous fonctionnons comme des petits villages...tout le monde est au courant de tout. Tous les gens sauront donc très vitre qu’elle est malade sans savoir quoi et penserons qu’elle a soit le sida, soit la syphilis...

Plus généralement, que pensez-vous du statut des femmes en République Tchèque? 

Je pense que le statut des femmes et meilleur ici qu’en Russie, en Ukraine ou en Bulgarie. Malgré tout, la discrimination reste présente ici, j’en suis bien consciente. Des ONG et un ministère collaborent sur cette question, notamment sur l’implication de la femme en politique et l’accès au travail. Mais la société Tchèque reste une société très traditionnelle, et on ne pourra attendre des changements qu’étapes par étapes...

PIC (Prostitution Information Centre)

PIC est un centre d’information fondé en août 1994 par Mariska Majoor, une ancienne prostituée. Il a pour but d’informer les prostituées mais aussi le public sur toutes les questions ayant trait à la prostitution. 

Site internet de l’association


Interview Petra Timmerman

Petra Timmerman  est vedeuse et guide pour le Prostitute Information Center. Elle est également coordinatrice pour le Comité International sur les droits des travailleuses du sexe en Europe.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours en quelques mots ?

Je suis canadienne. J’étais professeur, puis j’ai décidé de devenir escort girl pour pouvoir rependre mes études. Cela me permettait de gérer mon temps comme je le souhaitais, tout en gagnant de l’argent. Je suis ensuite venue aux Pays-Bas. Etant donné qu’il faut être membre de l’UE pour pouvoir travailler légalement, j’ai dû trouver un autre travail. Comme mes études avaient pour sujet les droits des travailleurs du sexe, et que j’étais déjà engagée politiquement à ce niveau,  c’est tout naturellement que je me suis tournée vers le PIC.

Comment décririez-vous, très brièvement, la place de la femme dans la société hollandaise ?

Sa place est assez proche de celles dans les autres pays européens : les femmes sont plutôt autonomes, même si la répartition des taches dans la vie familiale reste assez traditionnelle.  Leur statut est ensuite différent suivant la race, la classe...

Considérez-vous que la prostitution est un métier comme un autre? 

Certaines personnes parlent d’exploitation, mais l’exploitation que connaissent les prostituées est la même que n’importe quelle autre industrie où tu bosses pour une misère.

Et penses-tu que les prostituées le deviennent par choix?

Cela dépend des personnes : pour certains c’est un choix de vie personnel, d’un choix temporaire pour financer quelque chose en particulier, et pour d’autres cela vient de la rencontre avec certaines personnes qui t’entraînent ou t’emmènent dans un autre pays. 

Mais en fin de compte, c’est toujours un choix. Par exemple, sur 10 filles d’une même classe sociale, 3 seulement vont se prostituer et les autres vont faire autre chose. Bien sûr, la prostitution est un bon moyen de gagner de l’argent, mais cela reste quand même un choix. Vous pouvez demander à n’importe quelle balayeuse, elle ne rêve pas de faire cela toute sa vie, elle voudrait devenir une star.

Les prostituées sont-elles bien intégrées socialement dans la société hollandaise ?

Les travailleuses du sexe sont intégrées dans la société. Ce sont des mères, des femmes comme toutes les autres. Mais le travail d’une prostituée reste toujours stigmatisé. En général elles n’en parlent pas trop. Mais si elles sentent des gens qui autour d’elles qui les soutiennent, alors elles en parleront. Elles ne le crient pas sur tous les toits - comme des anciens criminels. 

Quels résultats avez-vous obtenus grâce au travail de votre association ?

Toutes les prostituées peuvent avoir des informations et l’association a réussi à changer le regard et comportement du public vis à vis des prostituées. Cela fait 12 ans que nous existons, et nous comptons continuer sur la même voie. 

Que pensez-vous de la légalisation aux Pays-Bas ?

Je n’ai aucun argument contre la légalisation. Mais je préfère parler de décriminalisation (changer les lois) plutôt que de légalisation (inventer de nouvelles lois). 

La légalisation est positive pour de nombreuses raisons :

  • Les prostituées exercent ce métier depuis de milliers d’années dans tous les pays du monde, et il est grand temps qu’elles obtiennent les mêmes droits que tout le monde. 
  • Maintenant que les prostituées ont des droits, elles peuvent porter plainte comme n’importe qui
  • Les travailleuses du sexe ne peuvent désormais, aux yeux de la loi, plus subir de discrimination, elle sont protégées (prêt, candidature pour un emploi, appartement...)

Certains dénoncent le fait que la légalisation aurait augmenté la prostitution clandestine et le trafic des femmes. Qu’en pensez-vous ?

 Ca n’est pas si vrai que ça. Peut-être que l’industrie du sexe s’est accrue mais la prostitution clandestine n’a pas augmenté. Elle est due à deux choses : le fait que les prostituées doivent être citoyennes européennes pour travailler légalement, et le fait qu’on ne peut pas trouver d’autre travail aux Pays-Bas si on ne parle ni néerlandais et ni anglais. Les femmes immigrées qui parlent qui parlent ni néerlandais et très peu anglais se tournent donc souvent vers la prostitution clandestine. Il y en a également certaines qui restent clandestines car elles ne veulent pas payer de taxes ni voir leur nom apparaître. 

La loi a-t-elle amélioré la situation des prostituées aux Pays-Bas ?

Pour certaines oui et pour d’autres non, c’est comme partout. Comme dans tout milieu professionnel, il y a des entreprises où les employés sont respectés et d’autres non. De façon générale, elles ont de meilleures conditions de sécurités, comme les alarmes dans chacune des chambres. Et l’employeur doit respecter un certain nombre conditions de sécurité pour obtenir la licence.

Etude norvégienne "Purchasing of sexual services in Sweden and the Netherlands" conduite en 2004 visant à recueillir les pour et les contre des politiques suédoise et hollandaises. ( pdf en anglais)

Video "Human Trafiiccking of Sex Workers" (IMP / PRESS)

Video sur le traffic humain à Amsterdam : Sex Trafficking in the Netherlands (en anglais) 

(avec interview de Mariska Major, fondatrice du PIC)

Vidéo : Red Light District: Amestradn's Famous Tourist Attraction (Adventure in Europe)

Vidéo comprenant une Interview de Mariska Major et une présentation du red light district (en anglais)

Témoignages de prostituées
De nombreux témoignages de prostituées recueillis par le Mouvement du Nid 

La Strada CZ
Site Internet de l’ONG    

La Strada CZ est une ONG active dans le combat contre le trafic humain. Elle a été fondée en 1995 et est devenue un des premiers membres d’un réseau international qui est aujourd’hui présent dans 9 pays : les Pays-Bas, la Pologne, la Bulgarie, la Bielorussie, la Moldavie, la Bosnie-Herzegovine et l’Ukraine. Toutes les activités de la Strada découlent de principes fondamentaux comme le respect des Droits de l’Homme, l’égalité des chances, la non-discrimination, l’empowerment et la promotion des intérêts des personnes victimes de trafic. La Strada apporte informations et assistance à ces femmes : hébergement anonyme, nourriture et vêtements, assistance sociale, consultations médicales et psychologiques…et permet ainsi à un certain nombre de femmes de se sortir enfin de cette situation et de recommencer une nouvelle vie loin de la prostitution.

Ses actions s’organisent autour des trois thèmes suivants :
- Prévention du trafic
- Assistance aux victimes
- Plaidoyer pour la lutte contre le trafic humain et la défense de ses victimes.

Qu’est ce que le trafic humain ?

Le trafic humain, également appelé traite des blanches lorsqu’il s’intéresse aux femmes blanches d’origine européenne, touche principalement les femmes venant d’Europe de l’Est : le but des trafiquants est de maintenir des jeunes femmes sous la coupe de souteneurs qui vont les encadrer et les maintenir dans un état de dépendance et d'isolement vis-à-vis d'un pays dont elles ne parlent pour la plupart pas la langue : ce n’est ni plus ni moins que de l'esclavage.

Le trafic humain en République Tchèque

Tandis que, dans un passé encore récent, le pays servait, en premier lieu, en tant que territoire de transit pour le trafic des femmes venant de l’est, il devient, de plus en plus souvent, un pays d'accueil pour la prostitution clandestine. C'est-à-dire qu’en République Tchèque se trouvent beaucoup de jeunes filles et de femmes qui se prostituent par la force.

En Europe, environ 500.000 personnes sont victimes de trafic, et le nombre de femmes qui sont contraintes à la prostitution en République Tchèque ne cesse d'augmenter. Près de 70% des victimes de la traite des blanches proviennent des pays de l'ex-Union soviétique et de Bulgarie : la plupart d’entre elles avaient quitté leurs pays d'origine pour des raisons économiques et sont venues en République Tchèque pour y travailler, espérant pouvoir y gagner plus d’argent. Les trafiquants manipulent le désir de migrer des femmes en leur promettant un emploi rémunérateur, un moyen de transport et les documents nécessaires, ce que les femmes ne pourraient jamais obtenir seules. Ces femmes, souvent très jeunes, sont rapidement entraînées dans l’industrie du sexe et deviennent totalement prisonnières de leur « protecteur ».  

L'ONG tchèque La Strada a pour but de défendre les droits des femmes victimes de trafic humain ainsi que leur honneur souvent bafoué : « Notre tâche consiste, entre autres, à convaincre la société et l'opinion publique qu'il ne s'agit pas de prostituées, mais de victimes du crime organisé »

La Strada est coorganisatrice de l'International Film Festival on Human Trafficking à Varsovie. Un des documentaires sélectionné est "Your name is Justine", l'histoire d'une jeune polonaise qui part voyager avec son petit ami en Europe, lequel la vend à un réseau de prostitution en Allemagne.  

Un second film est "Strong women" sur des femmes victimes de trafic, qui montre que ces victimes ne sont pas sans voix et qu'elles sont capables de se défendre et de s'engager dans la lutte contre le trafic.

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